À Charles Spon, le 6 mars 1654, note 38.
Note [38]

Construite au xiiie s., sur ordre de Louis ix (saint Louis), dans l’enceinte du palais royal (depuis devenu le Palais de justice, autrement appelé la Conciergerie, sous le règne de Charles v), la Sainte-Chapelle de Paris était destinée à abriter la couronne d’épines du Christ, que le saint roi avait acquise à grand frais. Ce sanctuaire était desservi par un chapitre (ou collège) de cinq chanoines (d’abord appelés principaux prêtres puis maîtres chapelains), richement dotés et dirigés par un trésorier (gardien du trésor), curé de la chapelle, assisté par un chantre. Sans parvenir à empêcher la suppression du chapitre en 1797, l’un d’eux a publié une très riche :

Histoire de la Sainte-Chapelle royale du Palais, enrichie de planches ; par M.  Sauveur-Jérôme Morand, chanoine de ladite église, présentée à l’Assemblée nationale, par l’auteur, le 1er juillet 1790. {a}


  1. Paris, Clousier et Prault, 1790, in‑4o de 228 pages, où j’ai puisé mes renseignements sur le chapitre de la Sainte-Chapelle.

Dans ses Mémoires, Retz n’a pas confirmé ce que disait ici Guy Patin ; mais à propos d’ecclésiastiques venus à son aide, on y lit ce sinistre paragraphe (daté de 1653, pages 1109‑1110) :

« Les instances du chapitre de Notre-Dame obligèrent la cour à permettre à un de son Corps d’être auprès de moi, et l’on choisit pour cet emploi un chanoine de la famille de MM. de Bragelongne, qui avait été nourri au collège auprès de moi, et auquel même j’avais donné ma prébende. {a} Il ne trouva pas le secret de se savoir ennuyer, ou plutôt il s’ennuya trop dans la prison, quoiqu’il s’y fût enfermé avec joie pour l’amour de moi. Il y tomba dans une profonde mélancolie. Je m’en aperçus, et je fis ce qui était en moi {b} pour l’en faire sortir ; mais il ne voulut jamais m’écouter sur cela. La fièvre double tierce le saisit, et il se coupa la gorge avec un rasoir au quatrième accès. L’unique honnêteté que l’on eût eue pour moi, dans tout le cours de ma prison, fut que l’on ne me dit le genre de sa mort dans tout le temps que je fus à Vincennes, et je ne l’appris que par M. le premier président de Bellièvre le jour que l’on me tira du donjon de Vincennes pour me transférer à Nantes ; mais le tragique de cette mort fut commenté par mes amis et ne diminua pas la compassion du peuple à mon égard. »


  1. Étienne de Bragelongne (ou Bragelonne) était entré à Vincennes le 25 avril 1653 et y mourut le 30 août suivant. v. note [6] du Borboniana 10 manuscrit pour la définition du mot prébende.

  2. Tout mon possible.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 mars 1654, note 38.

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(Consulté le 24/04/2024)

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