À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 4.
Note [4]

Montglat (Mémoires, page 204) a ironisé sur le commandement de l’armée de Paris :

« Nonobstant tous ces beaux règlements, {a} le pain ne venait plus de Gonesse, {b} à cause des quartiers d’armée qui étaient à Saint-Denis et à Aubervilliers, commandés par le maréchal Du Plessis. Les bouchers n’osaient plus aller à Poissy, où était le régiment des Gardes ; et le chemin de Bourg-la-Reine leur était interdit par les troupes qui étaient à Saint-Cloud et à Meudon, sous le maréchal de Gramont. Les blés de France {c} et de Beauce manquaient par les mêmes raisons ; et le château de Vincennes était le passage à ceux de la Brie. Les Parisiens se trouvaient dans un grand embarras, ils ne pouvaient subsister qu’en ouvrant par force les passages ; et pour cette raison, on battait le tambour dans la ville pour lever du monde, mais ils n’avaient point de chef. À ce défaut, ils s’avisèrent que Deslandes-Payen, conseiller de la Grand’Chambre, avait dans sa jeunesse été autrefois à la guerre ; ils jetèrent aussitôt les yeux sur lui pour le faire leur général, le croyant le plus grand capitaine de son temps. Mais ils furent bientôt hors de peine de chercher des généraux car, comme il y a toujours des mécontents à la cour, il s’en présenta plus qu’ils n’en pouvaient employer.

Le duc d’Elbeuf {d} fut le premier qui se déclara. Il était fort pauvre et ruiné, et croyant faire ses affaires dans les troubles, il partit de Saint-Germain {e} pour revenir à Paris se cacher, disant qu’il était venu sans argent et qu’il en allait revenir le lendemain. Il monta à cheval devant tout le monde, accompagné des ducs de Brissac et de Roannez, {f} dont le dernier allait à la bonne foi, sans y entendre finesse : et en effet, il revint deux jours après, mais les deux premiers demeurèrent à Paris et offrirent leur service au Parlement, qui les reçut avec joie et déclara le duc d’Elbeuf général de ses armées. Le marquis de La Boulaye, qui se plaignait de ce qu’on lui refusait la survivance de la charge de capitaine des Cent-Suisses de la garde, qu’avait le duc de Bouillon-La Marck, son beau-père, prit le même parti ; et le peuple, selon son imbécillité ordinaire, se croyant à couvert de tous périls sous de si braves chefs, les suivait à la foule par les rues, criant Vive le roi, monseigneur le duc d’Elbeuf et monseigneur le marquis de La Boulaye ! et le disait à si haute voix qu’il leur persuada en effet qu’ils étaient de fort grands capitaines. »


  1. Déclarations velléitaires du Parlement : déclarant Mazarin criminel de lèse-majesté et exigeant son expulsion du royaume ; levant des troupes pour assurer la sûreté de Paris et escorter les convois de vivres.

  2. V. note [27], lettre 166.
  3. D’Île-de-France.

  4. Charles ii de Lorraine, v. note [12], lettre 18.

  5. Le 7 janvier.

  6. Artus Gouffier, duc de Roannez (1627-1696).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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