Louis xiv, alors âgé de neuf ans et demi, était convalescent d’une variole. Antoine Vallot (v. note [18], lettre 223), son premier médecin à partir de 1652, en a dit bien plus que Guy Patin dans la partie rétrospective de son Journal de la santé du roi (pages 68‑73), en s’y présentant, sans la moindre vergogne, à son plus grand avantage. Sa Relation exacte de la petite vérole du roi, du 11 novembre 1647 se termine sur quelques coups d’encensoir :
« La constance de la reine a été admirable en cette occasion, et ses soins et ses inquiétudes ont surpassé l’imagination, ayant demeuré nuit et jour proche du roi avec tant d’assiduité que Sa Majesté, {a} par l’excès de ses veilles et de ses peines, tomba dans une fièvre continue qui, par la grâce de Dieu, n’a pas été de longue durée. Son Éminence {b} a souffert d’étranges inquiétudes de voir son maître en un si pitoyable état et en un extrême danger de sa vie ; et pendant qu’il gémissait sous le faix de tant de douleurs, il ne laissait pas de donner ordre aux affaires les plus importantes de l’État. On ne peut pareillement exprimer l’entière confiance que la reine témoigna avoir en la suffisance du sieur Vautier, premier médecin du roi, qui s’est conduit avec une grande prudence en cette maladie, ayant appelé les sieurs Guénault et Vallot qui ont donné en une occasion si considérable des preuves de leur suffisance, et ont fait voir à toute la France que l’on avait besoin de leurs conseils en un état si déplorable et si désespéré. » {c}
- La reine Anne d’Autriche.
- Le cardinal Mazarin.
- V. note [16], lettre 443, pour les espoirs que l’état désespéré du roi fit alors naître en son oncle, Gaston d’Orléans.
L’extraordinaire de la Gazette, no 144, 29 novembre 1647 (pages 1137‑1148), donne un récit très similaire de l’événement, et fort à la gloire de François Vautier :
« Il est aussi malaisé d’exprimer la grande confiance que la reine a témoignée avoir en la suffisance et prudence du sieur Vautier, et l’estime qu’elle a toujours faite de sa grande conduite, sur laquelle Sa Majesté s’est entièrement reposée en la maladie du roi, d’autant plus qu’elle en venait de recevoir des preuves par la guérison de celle de Monsieur, frère unique de Sa Majesté, si parfaitement guéri qu’il est entièrement remis en son premier état, à laquelle confiance a aussi grandement servi l’embonpoint {a} auquel elle a vu le roi depuis vingt mois qu’il y a que ledit sieur Vautier en prend le soin, sans lequel état fleurissant auquel cette maladie a trouvé le roi quand elle lui est survenue, une si longue fièvre l’eût pu consumer, au lieu qu’il l’a vigoureusement supportée, et avec peu de diminution de cette bonne habitude. {b} Ainsi voyons-nous combien Dieu aime la France, se contentant, comme il fait, de lui montrer les verges du châtiment qu’il déploie sur les autres. ».
- La bonne disposition.
- Ce bon naturel.
Et plus loin, quant à ce que rapportait ici Guy Patin :
« Ne croyez point aussi que la piété de la reine ait rien omis de ce qui était nécessaire pour implorer le secours d’en haut en une affaire de telle importance, ayant fait à cette fin prier Dieu et exposer le Saint-Sacrement dans toutes les églises ; ce qui se fit avec un tel concours de peuple et avec un si grand zèle qu’il était capable, même en une plus grande extrémité de maladie, de forcer le ciel à rendre ce prince à la France. Aussi la reine n’a-t-elle point de plus grande impatience que de conduire bientôt le roi à Notre-Dame pour en rendre grâces à Dieu, faire voir à ce peuple dans le visage serein de son roi le bon succès de leurs prières et de leurs vœux, et ensuite de leur faire sentir tous les effets d’une affection réciproque. »
L’extraordinaire no 48 du 31 mars 1648 (pages 413‑424) est entièrement consacré au Voyage de dévotion fait par le roi à Notre-Dame de Chartres pour y acquitter le vœu fait par la reine. |