Note [44] | |
Légende empruntée à Élien, {a} Histoires diverses, livre xiii, chapitre 33 : {b} « Rhodope {c} passe pour avoir été la plus belle courtisane de l’Égypte. Un jour qu’elle était au bain, la fortune, qui se plaît à produire des événements extraordinaires et inattendus, lui procura une faveur qu’elle méritait moins par les qualités de son âme que par les charmes de sa figure. Tandis que Rhodope se baignait, et que ses femmes gardaient ses vêtements, un aigle vint fondre sur un de ses souliers, l’enleva, et l’ayant porté à Memphis, dans le lieu où Psammétique {d} était occupé à rendre la justice, le laissa tomber dans le sein du prince. Psammétique, frappé de la délicatesse de ce soulier, de l’élégance du travail, et de l’action de l’oiseau, ordonna qu’on cherchât par toute l’Égypte la femme à qui il appartenait : dès qu’on l’eut trouvée, il l’épousa. » La fable de Rhodope aurait inspiré le conte de Cendrillon. Les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont tiré leur récit de La Vie de Sapho qui se lit dans Les Poésies d’Anacréon et de Sapho, traduites de grec en français, avec des remarques. Par Mademoiselle Le Fèvre, {a} pages 390‑393 : « Elle demeura veuve fort jeune, et si l’on en croit la plupart des Anciens qui ont écrit sa vie, elle ne vécut pas d’une manière fort régulière après la mort de son mari. Elle avait trois frères, Larichus, Eigius et Caraxus ; {a} elle fit beaucoup de vers pour Larichus ; mais elle en fit un grand nombre contre Caraxus et elle n’oublia rien pour le diffamer parce qu’il était éperdument amoureux d’une fameuse courtisane nommée Doricha ou Rodope. L’on fait une histoire de cette maîtresse de Caraxus, qui ne me paraît pas trop vraisemblable, mais qui est assez jolie pour être rapportée. On dit que cette personne se baignant un jour dans le Nil, car elle était de Naucratis, ville d’Égypte, une aigle enleva un de ses souliers des mains de sa femme de chambre, et le porta à Memphis où elle {b} le laissa tomber sur les genoux du roi, qui ce jour-là rendait la justice dans une place de la ville. Le roi, surpris de la nouveauté de cette aventure, et admirant la beauté du soulier, envoya des gens par tout le pays avec ordre de lui ramener celle à qui l’on trouverait le pareil de ce soulier. On trouva que c’était Rodope, et on l’amena au roi qui en fit sa femme. Si cette histoire est véritable, ce roi n’était pas si délicat que Sapho, qui ne pouvait souffrir que son frère fût amoureux d’une courtisane, et qui l’en haït depuis ; ce qui me fait croire qu’il ne faut pas ajouter foi à tout ce que l’on trouve écrit contre elle. » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-5, note 44. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8218&cln=44 (Consulté le 07/10/2024) |