À Charles Spon, le 4 février 1650, note 5.
Note [5]

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 211, lundi 24 janvier) :

« L’abbé de La Rivière, disgracié et chassé de chez M. le duc d’Orléans, en est parti à six heures du matin et est allé à Petit-Bourg, sienne maison près Essonne {a} où il doit être jusqu’autre ordre de Son Altesse Royale. »


  1. V. note [11], lettre 223.

Faute de flair dans la ronde infernale de la première Fronde déliquescente, l’abbé avait trop servi les intérêts de Condé auprès du duc d’Orléans ; Mme de Motteville (Mémoires, pages 322‑323, et 334) :

« Ce favori, trop assuré de la chose du monde qui par sa nature doit être la plus incertaine, agissait comme s’il lui eût été presque impossible de perdre les bonnes grâces de son maître, et hasardait de lui déplaire en prenant des liaisons qui lui pouvaient être suspectes. Les intérêts l’aveuglèrent, et cette conduite fut cause que le duc d’Orléans lui cacha toujours les hardis desseins de ceux qui le haïssaient et qui surent donner à toutes ses actions une mauvaise explication. Ce demi-ministre s’aperçut alors qu’il y avait un grand refroidissement dans l’âme du duc d’Orléans pour M. le Prince ; et ne voyant point la grandeur de ce mal, ses causes, ni ses effets, bien loin de suivre les sentiments de son maître, il voulut s’y opposer ; il le fit tant pour obliger M. le Prince que pour détruire le pouvoir de la cabale frondeuse dont il était haï. Il disait alors à ses amis, pour se justifier de ce qu’il paraissait avoir des sentiments contraires et différents de ceux de Monsieur, qu’il était incapable de se séparer de son devoir, mais qu’il ne voulait pas laisser arriver de la division entre ces deux princes parce que la cour n’était pas en état de faire un grand coup qui pût abattre la puissance de M. le Prince ; qu’il craignait que celle du duc d’Orléans ne se trouvât anéantie sous l’éclat de l’autre, et qu’elle ne fût mal soutenue de l’autorité royale qui paraissait sans force et sans vigueur ; mais la vérité est qu’il espérait toutes les semaines sa promotion au cardinalat. […] Les choses qui se passaient, et qu’on lui cachait soigneusement, allaient anéantir en lui toute son ambition par la fin de son crédit et de sa faveur ; il aurait été heureux si, par un sage détrompement de toutes ces choses, il eût appris à connaître ce qu’elles sont en effet. […]
Il perdit en même temps la faveur, le chapeau et l’espérance qu’il avait eue qu’au défaut de chapeau, il pourrait être archevêque de Reims ; mais en résignant à un autre {a} l’espérance d’être cardinal, il sembla aussi perdre son ambition et en vouloir laisser les inquiétudes à son successeur. Il fut trahi, dans la Maison du duc d’Orléans, de ceux qu’il avait obligés et qui lui devaient leur fortune, et suivi seulement de quelques-uns de ceux qui ne lui devaient rien ; ce qui arrive quasi toujours à ceux qui se sont vus en état d’obliger. »


  1. En se démettant en faveur du coadjuteur, Gondi.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 4 février 1650, note 5.

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(Consulté le 02/12/2024)

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