À André Falconet, le 21 avril 1651, note 5.
Note [5]

Les Paraphrases d’Érasme ont paru en plusieurs volumes latins séparés entre 1519 et 1524, adressées aux quatre grands souverains de son époque (Charles Quint, François ier, Henri viii, Ferdinand d’Autriche). Elles ont ensuite été traduites en plusieurs langues, dont :

  • Les Paraphrases d’Érasme divisées en deux tomes, dont le premier contient l’Exposition des quatre Évangélistes, et des Actes des Apôtres. Nouvellement translatés de latin en français ;

  • Le second tome de la Paraphrase de Didier Érasme de Rotterdam, sur le reste du Nouveau Testament, c’est à savoir sur toutes les Épîtres des Apôtres. {a}


    1. Bâle, Froben, 1563, 2 tomes en un volume in‑fo de 954 pages. La dédicace des traducteurs au roi de France Charles ix défend vigoureusement la traduction de l’Écriture sainte en langue moderne. Léger Grymoult (Leodegarius Grymaldus), pasteur calviniste de Montbéliard, est le principal auteur à qui est attribuée cette traduction.

      V. note [6], lettre latine 2 pour le Nouveau Testament, traduit et commenté en latin, qu’Érasme avait précédemment publié (3e édition à Bâle, 1522).


Exégèse des Évangiles qu’on qualifierait aujourd’hui de rationaliste, les Paraphrases valurent à Érasme, comme d’autres de ses écrits, d’être accusé d’hérésie par Rome. Les théologiens anglicans les choisirent en effet pour être l’un des ouvrages fondateurs de leur nouvelle religion. Jean-Claude Margolin (Érasme et l’Angleterre, Notulæ Erasminæ ii, Bruxelles, La Lettre volée à la Maison d’Érasme, 1998, page 57) a relaté que le 31 juillet 1547, Richard Grafton, imprimeur officiel de la Couronne, publiait les Injonctions du nouveau roi Édouard vi, successeur de Henri viii,

« qui comprenaient l’ordre pour toutes les paroisses du royaume d’être munies d’exemplaires de la Grande Bible et, selon les termes officiels, du Paraphrasis of Erasmus also in English upon the Gospels. {a} Ainsi, à tous les offices, tous les paroissiens, d’un bout à l’autre de l’Angleterre, pourraient lire un texte unique à l’estampille royale et, si je puis dire, érasmienne. Les membres du clergé étaient tenus également de posséder personnellement au moins un exemplaire de la Bible en anglais et des Paraphrases d’Érasme en anglais. C’est ainsi que l’humaniste chrétien devint peu à peu, malgré le court passage sur le trône d’Angleterre de la catholique Mary {b} – surnommée “ Marie la sanglante ” par les Anglais réformés – un auteur officiel, étroitement associé à la célébration du culte anglican. Étrange destin, pourtant assez compréhensible si l’on songe à l’attitude critique, sinon contestataire d’Érasme en ce qui concerne un grand nombre de pratiques de la religion catholique, et sa condamnation du caractère temporel de la vie de tant de prélats, et même du souverain pontife, l’humaniste de Rotterdam devenait l’un des piliers de l’anglicanisme. On ne s’étonnera pas si, de nos jours encore, le nom d’Érasme est beaucoup plus familier à un Anglais de culture moyenne qu’à un Français de culture équivalente. »


  1. « Paraphrase d’Érasme, aussi en anglais, sur les Évangiles ».

  2. Marie Tudor (v. note [8] du Borboniana 3 manuscrit), demi-sœur d’Édouard vi, épouse (en 1554) du futur roi Philippe ii d’Espagne (en 1556), régna sur l’Angleterre et l’Irlande de 1553 à 1558, période durant laquelle elle tenta sans succès d’y rétablir la religion catholique.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 21 avril 1651, note 5.

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(Consulté le 26/04/2024)

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