À Charles Spon, le 17 août 1643, note 6.
Note [6]

Allusion à l’intervention de la France pour apaiser, en 1607, la « guerre de l’interdit » qui opposait le pape Paul v à la république de Venise (v. note [6], lettre 25).

Dans la seconde partie de son Euphormion (publiée à Paris en 1607), Jean Barclay (v. note [20], lettre 80) consacre, sur le mode allégorique, un long passage à ce différend (pages 125‑133 de la réédition parue à Paris en 2000 chez Klincksieck). Venise y est nommée Marcia :

« Quand j’aperçus premièrement ses hautes tours dans la mer, bien loin de penser qu’il y eût une ville en cette place, je les prenais pour des navires de pierre ou pour quelque autre chose de plus admirable ».

L’hôte d’Euphormion lui explique par le menu tous les méfaits du pape (Gephyrius) :

« Ils {a} sont à l’heure que je parle meublés et vêtus si richement, ils ont une cour et une suite si pompeuse qu’ils sont contraints de rougir quand ils se souviennent avec combien de modestie les premiers géphyriens ont usé de ces choses. Pour celui qui tient le siège à présent, {b} encore qu’il soit d’une humeur fort douce, il s’est laissé gagner par des gens {c} qui ont jusqu’ici fait toujours leurs affaires aux dépens du repos de toutes les nations. Ils lui ont persuadé qu’il y allait de son honneur que les magistrats de cette ville ne prissent point connaissance de certaines affaires, qu’ils eussent les bras liés pour les autres, et que nul que lui n’eût pouvoir d’en connaître et de les punir. Comme ils s’y sont opposés, on nous a menacés d’une nue qui devait venir du côté de l’Occident et enfanter les foudres qu’il prétendait lancer sur nos têtes, de sorte que pour la détourner nous nous sommes jetés dans les bras de nos alliés. […] Protagon {d} se promet de nous accorder {e} et d’éteindre dès le commencement le feu d’une discorde si dangereuse, sans que l’honneur des uns et des autres y soit engagé. Nos seigneurs se moquent tacitement de la vaine arrogance de Liphippe. {f} Ils sont résolus de ne point guérir des plaies notables qu’ils ont reçues de Gephyrius que ce ne soit par les mains du sage Protagon. »


  1. Les papistes, surnommés géphyriens.

  2. Paul v.

  3. Les Espagnols.

  4. Le roi de France, Henri iv.

  5. Réconcilier.

  6. Philippe iii, roi d’Espagne.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 août 1643, note 6.

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(Consulté le 26/04/2024)

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