Guy Patin citait d’abord le Proxeneta, seu de Prudentia civili liber ; recens in lucem protractus, vel e tenebris erutus [Le Courtier, ou livre sur la Compétence civique ; récemment mis au jour, ou tiré des ténèbres] de Jérôme Cardan (Leyde, Elsevier, 1627, in‑12 de 767 pages), dont le chapitre xcii (pages 501‑537) est intitulé Artificum præcepta specialia [Préceptes particuliers des hommes de l’art]. Il y est longuement question de bonne et de mauvaise médecine, et de bons et mauvais médecins. Tout cela rejoint les idées de Patin sur les manières diverses de pratiquer la médecine ; mais avec tout de même une nuance de scepticisme qui n’étouffait que rarement notre auteur. La fin résume le propos :
[modus] Empiricus, qui pessimus, et ex quo, sine cognitione caussæ aut differentiarum morbi, transeunt ad dissimilia, putantes ad similia transire ; et Rationalis, qui optimus est ; hunc nemo aggreditur : sed ad Tentandum se conferunt ; existimantes hunc esse certissimum modum, securissimum, et optimum ; quum tempus terant, protrahant morbum in immensum, et (quod maius omnibus est) non possint mensuram rei exquisitam adhibere : quod in Rationali cura est optimum : nam et celeriter et facile sic, ac cum ægrorum commodo et voluptate, sanitatem adipiscuntur. Eo ergo res medica traducta est, ut veluti per cæcos exploretur iter. Atque hi etiam sunt, qui optimi habentur. Vide quid de aliis censendum sit.
[La méthode empirique est la pire : sans connaissance de la cause ni de la spécificité de la maladie, les médecins parviennent à des dissemblances en pensant parvenir à des ressemblances. L’autre est la méthode rationnelle, qui est la meilleure. Personne ne l’attaque ; au contraire, les médecins s’accordent à la mettre en œuvre ; ils pensent que c’est le procédé le plus certain, le plus sûr et le meilleur ; bien que les siècles polissent la maladie, la prolongent à l’infini et (ce qui est le plus important de tout) ne puissent mettre l’art à portée des gens raffinés. Ce qu’il y a de meilleur dans la méthode rationnelle est la manière de soigner, car ceux qui la pratiquent obtiennent la guérison rapidement et facilement, et pour le profit et la satisfaction des malades. Ainsi, la médecine progresse à la manière dont les aveugles explorent un chemin ; et ce sont ceux-là qu’on tient pour les meilleurs. Voyez alors ce qu’il faudrait penser des autres].
Les autres titres de Cardan que Patin mentionnait sont :
- De Sapientia Libri quinque… [Cinq livres sur la Sagesse…] (Nuremberg, Johannes Pietreius, 1544, in‑4o de 431 pages), celui qu’il tenait pour le meilleur ;
- Contradicentium medicorum libri duo… [Deux livres de Contradictions médicales]… (Paris, Iacobus Macæus, 1565, in‑8o de 988 pages) ;
- Opera omnia [Œuvres complètes] éditées par Charles Spon (Lyon, 1663, v. note [8], lettre 749).
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