À Vopiscus Fortunatus Plempius, le 3 novembre 1656, note 7.
Note [7]

La « Méthode pour remédier » de Jean Fernel est sa Therapeutices universalis seu medendi rationis libri septem [Thérapeutique universelle, ou sept livres de la manière de remédier] (Genève, Jacobus Chouët, 1627, in‑8o), dont le chapitre xiii du livre ii (pages 58‑62) porte sur le temps opportun pour la saignée, avec ce paragraphe Adversus Auicennam non nisi post concoctionem phlebotomiam admittente [Contre Avicenne, qui n’admet la phlébotomie qu’après la concoction] (page 59) :

Præcepit quidem Auicennas in morborum principiis phlebotomiam prorsus omittere et concoctionem expectare, dum morbus principium statumque præterierit : atque tum demum solum illam conferre asseuerat. Idque non de solis partium morbis quos ante percensuerat, audiendum putat, quum et mox idipsum de febribus omnibus præcipiat, maximeque de sanguinea, in qua quum aderit concoctio, iubet danguinem profluenter educere. Quia vero ista mirabiliter dissentanea videntur, perpendendum quibus illa rationibus suadere contendat, ut controuersia ad unguem discussa, veritas ipsa clarius eluceat. Inquit igitur per initia incisam venam noxios humores extenuare, et per corpus quoquouersum impellere, sanguineque puto et syncero permiscere ; nonnunquam etiam nos expectatione nostra adeo decipi, ut cum salubri nihil prorsus vitiosi humoris educatur. Ex animi vero sententia atque voto omnia succedere, si expectata concoctione quum iam morbus principium et statum præterierit, sanguinem detrahamus. Sed minime tam inconsiderata eius ferenda est sententia : neque audiendi illius explanatores, quorum dicta quotidie re et euentis refelluntur.

« Il est vrai qu’Avicenne a été d’avis qu’on oubliât tout à fait la saignée dans les commencements des maladies, et qu’on attendît la coction, lorsque la maladie aurait passé son commencement et son état, {a} et que la saignée ne profitait que sur la fin seulement ; ce qu’il n’a pas seulement entendu touchant les affections des parties, desquelles il avait auparavant fait le dénombrement, puisque, incontinent après, il conseille le même, touchant toute sorte de fièvres, et surtout celle qui vient du sang, dans laquelle il ordonne d’en tirer copieusement lorsque la coction sera faite. Or d’autant que ces choses semblent contraires au dernier point, il faut examiner par quelles raisons il prétend les persuader, {b} afin que la question étant parfaitement bien débattue, la vérité se rende plus claire et plus manifeste. Il dit donc que la saignée étant faite dans le commencement exténue les humeurs nuisibles, les pousse çà et là par tout le corps, et les mêle avec le sang qui est pur et sincère ; que nous sommes quelquefois tellement frustrés de notre attente qu’avec les bonnes humeurs, il n’en sort rien des mauvaises ; et que tout réussit suivant nos désirs si nous attendons la concoction pour tirer du sang, lorsque la maladie a déjà passé son commencement et son état. Mais certes, il ne faut pas souscrire à son opinion, puisqu’elle est si peu raisonnable, ni écouter non plus ses interprètes, {c} dont les discours sont tous les jours réfutés par l’expérience et par les événements. » {d}


  1. Les dogmatiques distinguaient trois phases de la maladie : crudité, coction (ou concoction) et crise. Fernel ajoutait ici une phase d’état (stabilité), intermédiaire aux deux première.

  2. « nous en persuader ».

  3. Ses traducteurs et commentateurs (explanatores).

  4. Traduction française de Du Teil (1655, v. note [1], lettre 36), pages 114‑115.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Vopiscus Fortunatus Plempius, le 3 novembre 1656, note 7.

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(Consulté le 26/04/2024)

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