Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 11, note 7.
Note [7]

Guy Patin citait deux passages d’Hippocrate, auxquels j’ai ajouté les commentaires de Galien.

  • Troisième section (que Patin appelait ici comm., « commentaire ») du livre vi des Épidémies, § 23, Hémorroïdes et autres affections préservatives (Littré Hip, volume 5, page 305) :

    « Ceux qui ont des hémorroïdes ne sont pris {a} ni de pleurésie, ni de péripneumonie, ni d’ulcère phagédénique, {b} ni de boutons, ni d’echtyma, {c} ni peut-être de lèpre, ni peut-être d’autres affections ; le fait est que, guéris intempestivement, {d} beaucoup n’ont pas tardé à être pris de ces maladies, et d’une manière funeste. Et les autres dépôts, tels que les fistules et choses de ce genre. Dépôt : ce qui, par rapport à une affection, survenant après, guérit, et, survenant avant, prévient. Un lieu recevant d’un autre lieu en vertu de quelque souffrance ou de la pesanteur, ou de toute autre cause, sert de moyen de libération ; dans d’autres cas, ce sont les communautés d’organes. » {e}


    1. « Galien [v. infra] dit qu’il faut sous-entendre aliskontai [sont pris] ; donc ce mot manquait dans le texte » (note 3 de Littré sur le texte grec, page 304).

    2. Rongeant.

    3. « Phlegmasie [inflammation] cutanée qui attaque les follicules sébacés et qui est caractérisée par des pustules larges, arrondies, ordinairement discrètes, à base dure et enflammée, auxquelles succède une croûte plus ou moins épaisse » (Littré DLF).

    4. Intempestif : « qui n’est pas fait en temps convenable » (ibid.).

    5. Littré a ajouté « (sympathies) », mot et notion (v. note [4], lettre 188) qui ne sont pas ici dans Hippocrate.

    Galien, chapitre xxxvii du troisième commentaire sur le livre vi des Épidémies d’Hippocrate (Kühn, volume 17b, pages 107‑108, latin traduit du grec) :

    Deficit hoc verbum, capiuntur et ideo prius subintelligendum est. Cur vero in his malis non capiantur, clarum est : vitiosis enim succis per mariscas depulsis quidam sane mali habitus in toto corpore accidunt et pallores et hydropes, sed nullus ejusmodi morbus.

    [Il manque le verbe, « sont pris », qui doit donc être sous-entendu au début. La raison pour laquelle ces maladies les épargneraient est claire : quand les mauvais sucs sont rejetés par les hémorroïdes, certains états très funestes, comme pâleur et hydropisie, {a} affectent le corps tout entier, mais aucune desdites maladies].


    1. Évocation judicieuse de la cirrhose (fibrose du foie avec hypertension portale, v. infra notule {d}, note [8]).

  • Le chapitre 20 du traité « des Humeurs » (Littré Hip, volume 5, page 501) commence par répéter le précédent extrait des Épidémies, en ajoutant l’alphos (vitiligo ou psoriasis, v. note [2], lettre 950) aux maladies dont prémunissent les hémorroïdes, et en invoquant plus explicitement la notion de sympathie (kata tou chumou tên sugggeneia, [selon les communautés d’organes]).

    Galien, chapitre xxvi du troisième des trois commentaires sur ce livre hippocratique (Kühn, volume 16, pages 453‑454) :

    Hæmorrhoides quamvis omnes homines omnemque ætatem et omni in tempore anni vexare queant, tamen revera sunt affectus ætatis declinantis proprii non secus quam melancholiæ ; fiunt enim ab atra bile quæ ad venas sedis uberius cumulatiusque decumbit ; quocirca quum melancholicis et vitio renum laborantibus superveniunt, curare eos solent, quod non solum ratione evacuationis, sed etiam humoris qui evacuatur, qualitate faciunt ; effundere enim crassum sanguinem humoris melancholici plenum solent, qualem nos fecem in vino appellamus, etc.

    [Bien que les hémorroïdes puissent tourmenter tous les hommes, à tout âge et à toute période de l’année, elles sont pourtant en vérité une affection propre à l’âge avancé tout comme à la mélancolie, car elles proviennent de la bile noire qui se collecte en grande quantité dans les veines du siège. C’est pourquoi, quand elles surviennent aux mélancoliques et à ceux qui souffrent d’un vice des reins, elles les guérissent ordinairement ; ce qu’elles font non seulement en provoquant l’évacuation, mais aussi étant donné la qualité de l’humeur qui est évacuée ; elles font ordinairement, en effet, s’écouler un sang épais rempli d’humeur mélancolique, qui ressemble à ce que nous appelons la lie du vin, etc.]

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 11, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8141&cln=7

(Consulté le 26/04/2024)

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