À Hugues II de Salins, le 18 février 1658, note 8.
Note [8]

« qui fut un pur empirique, militaire et botaniste » : v. note [7], lettre 103, pour la double carrière, militaire et médicale, de Dioscoride, au ier s. de notre ère.

Le chapitre xliiii, livre cinquième (pages 469‑470), de son traité de médecine {a} est intitulé De l’Écaille d’Airain, que les Grecs appellent Lepis chalcus, les Latins, Squamma Æris. Ses caractéristiques ne mentionnent pas explictement son emploi dans les obstructions intestinales :

« L’écaille {b} d’arain battue des clous des forges de Chypre est la meilleure, qui est grosse et se nomme Hélité, c’est-à-dire clouière ; {c} mais celle qui se bat de l’airain vil et vulgaire, ou du blanc, et véritablement réprouvable, pour être subtile et de peu de valeur. L’on loue la grosse, la rousse, et celle principalement qui, baignée dans le vinaigre, devient rouillée. Elle a la vertu d’astreindre, de subtilier, {d} de réprimer et de ronger. Elle arrête les ulcères qui mangent la chair. Elle consolide des ulcères. Bue avec eau miellée, elle purge l’eau du corps et, à cette cause, aucuns la donnent en l’empâtant avec farine, et en faisant des pilules. L’on la met dans les médicaments qui se composent pour les yeux. […]

L’écaille d’acier est de même vertu que celle de l’airain […] ; mais pour lâcher le corps, elle est moins valeureuse. » {e}


  1. Les six Livres de Pedacion Dioscoride d’Anazarbe de la Matière médicinale, translatés de latin en français. À chacun chapitre sont ajoutées certaines annotations fort doctes, et recueillies des plus excellents médecins, anciens et modernes (Lyon, Mace bon homme, 1559, in‑8o de 574 pages), avec dédicace de Martin Mathée, médecin, au cardinal Charles de Lorraine.

  2. Limaille (Furetière) : « poudre ou petits filets qui se détachent des métaux qu’on use avec la lime. On nourrit l’aimant avec de la limaille de fer pour l’entretenir en sa force. Les orfèvres ont grand soin de recueillir les limailles d’or et d’argent. Les chimistes font un bain de limailles pour avoir un degré de chaleur de feu qu’on allume sous de la limaille. La limaille d’aiguilles est le fer le plus propre pour faire des préparations chimiques. Les limailles d’épingles servent à plomber des pots de terre. »

    « La limaille de cuivre prise au poids d’une drachme est bonne pour la guérison de la rage. C’est un violent émétique » (Trévoux). « On prescrit comme tonique la limaille d’acier, de préférence à celle de fer, parce que celle-ci contient souvent des parcelles cuivre qui peuvent être nuisibles » (Nysten 1873). Sous d’autres formes plus absorbables, le fer est le fondement du traitement moderne des anémies par carence martiale (manque de fer induit pas les saignements chroniques).

  3. « Pièce de fer pour former la tête des clous » (Littré DLF) ; le substantif grec êlos (ηλος, clou) a donné l’adjectif dioscoridien êlitis (ηλιτις, qui a la nature du clou).

  4. Diluer les humeurs ; v. note [30], lettre 222, pour la vertu astringente d’un remède.

  5. Recommander « la limaille d’acier dans les obstructions des viscères » était donc bien abuser des propos de Dioscoride.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 18 février 1658, note 8.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0515&cln=8

(Consulté le 26/04/2024)

Licence Creative Commons