L. latine 299.  >
À Arnold Senguerdius,
le 4 juin 1664

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Arnold Senguerdius, le 4 juin 1664

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1332

(Consulté le 05/12/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 170 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Senguerdius, professeur de philosophie, à Amsterdam.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous remercie pour votre dernière, ainsi que pour les salutations de notre ami le très distingué M. Plempius. [2] Il me semble n’avoir absolument aucune raison de craindre l’année climatérique : [3] la vieillesse en elle-même est certes une maladie incurable, mais, comme dit notre Lucien français, [4][5] c’est à cause des années qui ont passé, mais non à cause des années climatériques, dont la grande influence n’est qu’imaginaire : les anciens ne les connaissaient pas et n’en parlaient pas, elles ne tirent leur origine que du délire des platoniciens et des pythagoriciens. [6][7] Dieu fasse que ce très distingué personnage survive à celle qui vient, et en ait beaucoup d’autres qui la suivront. Voilà exactement ce que je pense, avec Louis Duret, [8] Claude Saumaise, [9] et d’autres auteurs très sérieux. [1] Vous avez ravivé mon chagrin, qui n’était pas encore éteint, pour la mort de deux professeurs de Leyde : elle m’a valu l’irréparable perte de deux hommes très remarquables, qui étaient fort mes amis ; l’Université de Leyde les pleurera en vain pour l’éternité. [2][10][11] Je n’ai encore rien entendu dire de cette comète dont vous parlez et je pense que c’est une légende : [12] si ce récit n’était pas inventé, j’en aurais sans doute vu ou entendu quelque chose ; et quand bien même elle existerait, je n’en craindrais rien, car je ne redoute en rien les menaces des astrologues : [13] A signis cœli nolite metuere, quæ timent Gentes[3][14] La seule chose que je craigne, c’est que le ciel ne nous tombe sur la tête et que n’en profitent de nombreux charlatans qui exercent notre métier pour le très grand malheur de quantité de gens. [15][16] Fouquet, [17] jadis notre surintendant des finances, gémit dans les fers, avec la crainte du bourreau, tout comme d’autres concussionnaires, ses congénères, de même aloi et même farine. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 4e de juin 1664.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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