Galilée (Galileus en latin, Galileo Galilei en italien, Pise 1564-Arcetri près de Florence 1642), mathématicien et astronome de génie, a fait de nombreuses découvertes scientifiques. La plus célèbre est sa théorie, aujourd’hui parfaitement établie, de l’héliocentrisme : la Terre tourne sur elle-même en un jour et autour du Soleil en un an. Jugée hérétique, comme contraire aux Saintes Écritures, elle fut censurée et condamnée par l’Église romaine : en 1633, Galilée dut renier son système ; il échappa à la prison, mais passa le reste de ses jours en résidence surveillée, interdit d’enseignement et contraint de ne plus publier que dans la clandestinité.
V. note [29], lettre 211, pour la vie de Tycho Brahe écrite par Gassendi et imprimée à Paris en 1654, mais il n’a pas publié la vie de Galilée, bien qu’il fût un de ses hardis admirateurs, comme montre la lettre qu’il lui a écrite le 20 juillet 1625 (pages 4‑5, Gassendi Opera omnia, tomus sextus [Œuvres complètes de Gassendi, tome sixième], Lyon, 1658, v. note [19], lettre 442) :
Imprimis ergo, mi Galilee, velim sic tibi persuasam habeas, me tanta cum animi voluptate amplexari Coperniceam illam tuam in Astromia Sententiam, ut exinde videar mei probe iuris factus, cum soluta, et libera mens vagatur per immensa spatia, effractis nempe vulgaris Mundi systematisque repagulis. Utinam vero hactenus frui tuo illo recens instituto Mundi systemate licuisset ? Quam adiutus enim, promotusque fuissem in conceptis illis a me de Mundo opinionibus ? Somniasse quippe me aliquid circa hoc argumentum pervidebis facile, si digneris forte legere, quod tribus dumtaxat verbis in præfatione libelli ad te missi polliceor me quarto libro tractaturum. Quamobrem etiam intelliges, quam ardenti desiderem studio, quid tu hac in parte sentias quamprimum accipere ; cum tu cælestium arcanorum sis sagacissimus scrutator, particepsque consultissimus. Cur porro fœtum, quem iam parturiebas, cum nuntium præmitteres, huc usque non emiseris, estsi assequor forte coniectura ; nondum tamen plene didici. Hoc saltem fortassis profiteri liceat, magnam factum iri rei litterariæ, cordatisque divinissimarum scientarum studiosis iniuriam, si tantum opus suppresseris. Certe nisi obstiterit legitimum impedimentum, oratum te, atque utinam exoratum esse noveris, ut rem adeo desideratam bonis amplius non invideas. Quod si vel certo consilio tuo, vel fatis ita ferentibus, sic te continere debeas, ut ne quidem etiam cum amicis institutum tuum per literas communices, absit a me, ut sperem postulem-ve conscius illius fieri. Sic me tamen habeo ; ac in gradu adeo eminenti benevolentiam tuam colloco, ut si vel vacet, vel liceat, quidpiam sis mihi significaturus, ubi me inardescere hoc desiderio rescieris.
[Avant tout, mon cher Galilée, je tiens absolument à vous assurer du plaisir que mon esprit éprouve à embrasser le jugement copernicien que vous avez arrêté sur l’astronomie : vous avez, me semble-t-il, parfaitement bien fait d’ouvrir les barrières du monde et du système vulgaire, en laissant vagabonder votre esprit, librement et sans contrainte, dans l’immensité de l’espace. Mais pourquoi donc ne m’a-t-il pas été permis jusqu’ici de tirer profit de ce système de l’univers que vous avez récemment institué ? Cela ne m’aurait-il pas grandement aidé à progresser dans les opinions que j’en ai moi-même conçues ? Vous verrez clairement et facilement à quel point j’ai rêvé sur cette question si vous daignez, par hasard, lire la préface de l’opuscule que je vous ai envoyé, où je promets, en seulement trois mots, d’en traiter dans un quatrième livre. {a} Ainsi comprendrez-vous aussi mon application à désirer ardemment connaître dès que possible votre avis sur cette matière, car vous êtes l’explorateur le plus subtil des secrets célestes et leur guide le plus avisé. En outre, je n’ai toujours pas bien compris pourquoi vous n’avez pas encore fait connaître, comme vous l’annoncez, l’enfant que vous avez déjà mis au monde, bien que je puisse en subodorer les raisons. Qu’il me soit peut-être au moins permis de dire que vous peineriez profondément la république des lettres et les adeptes avisés des plus divines sciences, si vous supprimiez un si grand ouvrage. À moins, bien sûr, qu’un obstacle légitime ne s’y oppose, je vous prie, en espérant être exaucé, de ne pas refuser plus longtemps aux hommes de bien ce qu’ils désirent avec tant de force. Loin de moi pourtant l’idée d’espérer ou de vous demander la raison pour laquelle vous décidez, soit de votre plein gré, soit contraint par le mauvais sort, de ne pas même communiquer votre théorie par lettres à vos amis. Voilà pourtant ce que j’en pense, et je place votre bienveillance si haut qu’elle prendra le temps ou la liberté de me faire bientôt savoir que vous avez compris à quel point ce désir m’enflamme]. {b}
- Le dernier ouvrage alors publié par Gassendi (âgé de 33 ans et encore loin d’être célèbre au moment où il écrivait sa lettre) était les :
Exercitationum paradoxicarum adversus Aristoteleos libri septem, in quibus præcipua totius peripateticæ doctrinæ fundamenta excutiuntur, opiniones vero aut novæ, aut ex vetustioribus obsoletæ stabiliuntur…
[Sept livres d’essais critiques contre les aristotéliciens, qui secouent les principaux fondements de toute la doctrine péripatéticienne, mais qui étayent des opinions tant nouvelles qu’anciennes et tirées des vieux auteurs…] {i}
- Grenoble, P. Verderius, 1624, in‑8o de 220 pages ; réédition à La Haye, Adrianus Vlacq, 1656, in‑4o de 106 pages.
La Præfatio [Préface], Ad Reverendum, et Sapientem Virum Josephum Gaultierum, Artium et Sacræ Theologiæ Doctorem, Priorem ac Dominm Valettæ, et Amicum usque ad aras [Au révérend et sage Joseph Gaultier (v. notule {h}, note [4], lettre 185), docteur ès arts et théologie sacrée, prieur et seigneur de La Valette, mon ami jusqu’à la mort], datée de Grenoble, le 28 février 1624, est un violent plaidoyer contre Aristote. Gassendi y présente ainsi le ive livre de ses Execitationum paradoxicarum (page **2) :
Liber iv. adoritur libros de Corpore simplici. Ubi primum et Stellis fixis, et Soli comparatur quies : Terræ vero, quasi uni ex Planetis, conciliatur motus. Exinde multiplicitas, vel certe immensitas Mundi probabilis arguitur : præter innumera, quæ statuuntur paradoxicωs de Caussis motus, de Luce, et Phænomenis, de Generabilitate, et corruptibilitate, quæ circa globos cœlestes. Adhæc vero substituitur impugnatio Elementorum Aristoteleorum in numero, in qualitatibus tam motivis, quam alterativis, in trasmutabilitate inter se, in compositione Mixtorum.
[Le livre iv attaque les lives sur le Corps simple. D’abord, tandis que l’immobilité est attribuée tant aux étoiles fixes qu’au Soleil, le mouvement serait une proprité unique de la Terre parmi toutes les planètes. Puis est débattue la multiplicité, ou du moins l’immensité du monde probable, outre d’innombrables particularités des sphères céleste qui établissent des paradoxes quant aux causes du mouvement, à la lumière et aux phénomènes, et quant à leur universalité et à leur corruptibilité. Enfin, vient un assaut contre les éléments aristotéliciens : leur nombre, leurs qualités tant motrices qu’altératives, leur capacité à se tranformer l’une en l’autre, la composition de leurs mélages].
- Comme le reste des savants curieux des révolutions qui renversaient l’aristotélisme (et l’hippocratisme), Gassendi dut attendre le :
Dialogo di Galileo Galilei Linceo Matematico sopraordinario dello Studio di Pisa, e Filosofo, et Matematico primario del Serenissimo Gr. Duca di Toscana, Dove ne i congressi di quattro giornate si discore sopra i due Massimi Sistemi del Mondo, Tolemaico, e Copernicano, Proponendo indeterminatamente le ragioni Filosofiche, e Naturali tanto per l’una, quanto per l’altra parte.
[Dialogue de Galileo Galilei, mathématicien Lyncéen extraordinaire de l’Université de Pise, et premier philosophe et mathématicien du sérénissime grand-duc de Toscane : où sont les réunions de quatre jounées qui discourent sur les deux grands Systèmes du monde, celui de Ptolémée et celui de Copernic, {i} qui présente sans parti pris les raisons philosophiques et physiques en faveur de l’une comme de l’autre opinion]. {ii}
- Géocentrisme et héliocentrisme.
- Florence, Gio. Batista Landini, 1632, in‑8o de 458 pages.
V. note [4], lettre 185, pour deux extraits de la traduction latine (Trèves, 1616, et Lyon 1641) sur la rotation de la Terre, et des compléments d’information sur le Dialogo et son titre.
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