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Jean Pecquet
Experimenta nova anatomica (1651)
Chapitre iv  >

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Jean Pecquet, Experimenta nova anatomica (1651) : Chapitre iv

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=0014

(Consulté le 03/06/2024)

 
[Page 10 | LAT | IMG]

Deuxième dissection (fin)[1]

Exposition du double canal lactifère depuis la quatrième vertèbre dorsale jusqu’au centre du diaphragme.

Luisait alors l’espoir que ma fatigue fût récompensée par un heureux résultat. L’embouchure que j’avais découverte était l’aboutissement d’une audacieuse plongée dans l’inconnu. Je repris mes liens et les nouai de part et d’autre de la proéminence que forme la troisième vertèbre dorsale, déjà assuré que cela allait de nouveau provoquer une turgescence des lactifères d’amont. [1][2]

Les alentours de la quatrième vertèbre, là où le cœur avait siégé, étaient cachés par l’œsophage ; après l’avoir lié, je l’ai donc extrait de la poitrine avec la masse restante des viscères vitaux, en tranchant l’ensemble près des clavicules. [2] Je jugeai bon de séparer et sectionner les uns après les autres les pédicules intercostaux, et de retirer aussi l’aorte, dont je ne pensais pas qu’elle gênerait ma démonstration, mais qui faisait obstacle à l’inspection du thorax. [3] Ayant ainsi supprimé tout ce qui masquait encore la vue, il fut possible d’examiner sans entrave le parcours des liquides lactés du haut en bas de la saillie formée par l’épine dorsale, en ne laissant plus aucun doute planer sur ce que percevait le regard.

Les lactifères se réunissaient au niveau de la quatrième vertèbre, et tout au long [Page 11 | LAT | IMG] de l’intervalle qui la séparait de la dixième, on voyait leurs deux canaux sinueux, dont le cours tortueux était semblable à celui de deux rivières. De leurs deux renflements naissaient souvent, d’étage en étage, des rigoles transversales, semblant les relier obliquement l’un à l’autre. Au-dessous du gué qui avait réuni leurs écoulements, les lactifères se séparaient et s’enflaient pour dessiner des dilatations en forme de fioles, dont la taille augmentait peu à peu en descendant vers le centre du diaphragme : voilà une preuve non négligeable du fait que les sources du chyle se situent dans son voisinage et qu’il traverse le thorax pour atteindre les veines subclavières. [4][3]

Tandis que je m’efforçais de séparer les vaisseaux lactés du diaphragme (pour lever ce que j’espérais être l’ultime obstacle à mon observation), je blessai par mégarde une dilatation placée sur le flanc gauche de la douzième vertèbre dorsale et dont la membrane est extrêmement fine, et fus surpris par le jaillissement d’une grande abondance de liquide lacté. Je suspectai donc que se cachait à cet endroit un réservoir [4] contenant une grande quantité de ce même liquide. Mon ignorante main mit cependant fin à ma dissection, car ce qui restait de ce cadavre se réduisait à des rognures : tout le chyle qui s’en était écoulé avait entièrement vidé les lactifères. Seule subsistait la pellicule de cette enflure que j’avais affaissée, après certes avoir vu qu’il s’agissait d’une volumineuse ampoule ; mais cela promettait une heureuse issue (à ce qu’on appelle avoir fendu une outre) [5][5] et ne devait pas me décourager de continuer.

Il y a lieu ici de me reprocher à nouveau le mot clavicules : je l’emploie pour désigner la partie supérieure de la cavité thoracique qui, chez l’homme allongé, se situe au-dessous des clavicules. [6][6]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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