Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 25.
Note [25]

Après avoir cité Jean ii Riolan (deuxième paragraphe, page 189, première Responsio, 6e partie, Sur la circulation du sang), Hyginus Thalassius se référait à une lettre que lui aurait personnellement écrite René Descartes vers 1640, mais je n’en ai pas trouvé la trace imprimée. Voulait-il ainsi brouiller les pistes, car on voit mal De Mercenne, bachelier de médecine en 1642, correspondre avec le philosophe sur le mouvement du sang dans la veine porte ? {a} Jacques Mentel, alors âgé de 43 ans, aurait pu avoir un tel échange et démasquer ici sa contribution à la rédaction de la Brevis Destructio (v. notule {a‑iii}, note [1] de son chapitre i).

Les Manuscrits anatomiques publiés dans les Œuvres inédites de Descartes (Paris, 1860) se réfèrent plusieurs fois à la veine porte, mais sans en mentionner les ligatures ; on lit par exemple, parmi les observations datées de 1637 (deuxième partie pages 204‑206) :

In hepate notandum quasdam venæ portæ extremitates (ut aiunt libri) medias venæ cavæ radices subire, et contra quasdam cavæ medias portæ radices subire : patet autem cavam ex hepate omnino prodire, non tantum enim ejus pars ascendens ex summa ejus parte egreditur, et secundum ejus posteriorem partem descendit atque it comitatum aortam descendentem. {b}

[Dans le foie il est à noter que certaines terminaisons de la veine porte (comme on lit dans les livres) se glissent jusqu’à mi-chemin des racines de la veine cave et que, réciproquement, certaines racines de la veine cave se glissent jusqu’à mi-chemin des terminaisons de la veine porte. {c} On voit bien aussi que la veine cave est entièrement issue du foie : sa partie ascendante sort du dôme hépatique, et celle qui passe derrière le foie se porte vers le bas et longe l’aorte descendante]. {d}


  1. C’est l’occasion de dire que Descartes a beaucoup correspondu avec le R.P. Marin Mersenne (mort en 1648), qui n’avait pas de lien de parenté connu avec Pierre De Mercenne (v. note [4] de sa lettre à Jean Pecquet).

  2. Ma traduction n’est pas celle qui est fournie dans le livre car elle est anatomiquement incohérente :

    « Dans le foie il faut remarquer que certaines extrémités de la veine porte (comme disent les livres) passent sous le milieu des racines de la veine cave, et qu’au contraire certaines extrémités de la veine cave passent sous le milieu des racines de la veine porte : or, il est évident que la veine cave a tout à fait son origine dans le foie car non seulement la partie ascendante sort de l’extrémité supérieure du foie, mais encore la partie descendante, laquelle se replie aussitôt et descend par le derrière du foie pour aller se joindre à l’aorte descendante. »

  3. Cette phrase suggère, voire postule l’existence d’anastomoses porto-caves intra-hépatiques. La seconde proposition est à l’évidence tronquée et je l’ai traduite en la comprenant comme disant : quasdam cavæ medias radices portæ extremitates subire.

  4. Erreur manifeste sur l’anatomie de la veine cave inférieure, dont le tronc ne naît pas du foie (mais de la réunion des veines iliaques) et dont le sang ne descend pas vers les parties inférieures (mais monte vers le cœur) en longeant l’aorte abdominale.

V. note [25], Responsio ad Pecquetianos, 4e partie, pour le débat sur l’expérience des ligatures successives du mésentère puis du tronc porte, évoquée par William Harvey pour démontrer la circulation sanguine dans le mésentère, que Riolan refusait obstinément d’admettre.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 25.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=0052&cln=25

(Consulté le 14/06/2024)

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