Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 33.
Note [33]

« Des médecins de cette Compagnie ont été conseillers, complices et cautions de ce crime. À savoir que le foie est une partie inutile et méprisable qui doit être arrachée du corps, dépossédée de sa dignité et capacité de fabriquer le sang, et qu’il faut donc l’exterminer et le rabaisser à une vile fonction » ; une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie aux deux premières pages (55‑56) de la harangue de Jean ii Riolan intitulée Hepatis funerati et resuscitati Querimonia, ad Medicos Parisienses [Plainte du Foie enterré et ressuscité, adressée aux médecins de Paris] : {a}

Viri percelebres,

Non vos latet quamplures nondum exanimes ad funus elatos reuixisse, et conquestos fuisse de impia corporum funeratione. Liceat mihi apud vos Antiquæ laudis et artis, ut loquar cum Virgilio, conqueri, de iniquo iudicio aduersus meam potestatem non bene examinatam pronunciato, in hac Vrbe Parisiensi à iuuene Pecqueto, temerario et imprudenti iudice, qui Medicos vestri ordinis Consiliarios, et fascinoris fautores, ac fideiussores adsciuit, Scilicet Hepar inutile et ignobile membrum, è corpore rescindendum, suâ dignitate et potestate sanguificandi spoliandum, ab Adamo nato vsque ad hunc diem homines fraudulento officio decepisse, ac proinde exterminandum, et obliuione perpetua sepeliendum, vel ad vile ministerium sordes biliosas colligendi relegandum ac destinandum, ne deinceps pro parte principe reputetur : In Hafniensi Academia Bartholinus adhuc iuuenis Anatomicus, inconsultis aliis Medicis, istud iudicium confirmavit, et post decantatas et celebratas exequias, mihi tanquam funerato Epitaphium inscripsit.

[Très illustres Messieurs,

Vous n’ignorez pas que bien des gens ont revécu après qu’on les eut menés au tombeau sans qu’ils fussent encore morts, et ont vivement déploré leurs obsèques impies. Permettez-moi, Antiquæ laudis et artis, pour parler comme Virgile, {b} de me plaindre auprès de vous du jugement inique que le jeune Pecquet a prononcé, en cette ville de Paris, contre mon pouvoir sans qu’il l’ait bien examiné, et des médecins de votre Compagnie qui se sont alliés à ce juge impudent et ignorant, en se rendant conseillers, complices et cautions de son crime : À savoir que le foie est une partie inutile et méprisable qui doit être arrachée du corps, dépossédée de sa dignité et capacité de fabriquer le sang, fonction usurpée qui a trompé les hommes depuis la naissance d’Adam jusqu’à ce jour, et qu’il faut donc l’exterminer et l’ensevelir dans un éternel oubli, ou le rabaisser en ne lui confiant plus que la vile fonction de recueillir les ordures de la bile, de façon qu’il ne soit plus désormais réputé être le premier des organes. Bartholin, encore jeune anatomiste de l’Université de Copenhague, a confirmé cette sentence, sans avoir consulté d’autres médecins, et après avoir chanté et célébré mes funérailles, il a écrit mon épitaphe comme si j’avais trépassé]. {c}


  1. Opuscula nova anatomica (Paris, 1653, v. supra note [13]).

  2. « en l’honneur de votre art et de son antiquité » : Bucoliques, livre ii, vers 174.

  3. Funérailles du foie,avec son épitaphe imprimée à la fin des Vasa lymphatica de Thomas Bartholin (Copenhague et Paris, 1653, v. note [25], Nova Dissertatio de Jean Pecquet, expérience i).

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 33.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=0052&cln=33

(Consulté le 13/06/2024)

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