Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 8.
Note [8]

« Soit ils n’ont sans doute jamais lu les œuvres de l’auteur dont ils parlent, soit ils font voir leur ignorance en cette matière, sans craindre le jugement de la postérité. » : Opera anatomica vetera et nova, page 856 de Jean ii Riolan (Paris, 1649, v. supra note [7]), Spongia alexiteria, adversus virulentos tactus Æmilii Parisani [Éponge alexitère contre les violents attouchements d’Emilio Parisano]. {a}

Les pages 855‑856 sont une attaque de Riolan contre les lettres de médecins parisiens qui ont félicité Parisano pour ses 12 livres de Subtilitate. {b} Il les a transcrites au début de sa Nobilium Exercitationum de Subtilitate Pars Altera [Deuxième partie de Essais sur la subtilité], sous-titrée de Diaphragmate Lapis Lydius ad Ioannem Riolanum [sur le Diaphragme, Pierre de touche contre Jean Riolan] {c} (Venise, 1635, pages 18‑27), avec :

  • deux lettres de René Moreau, {d} datées du 24 septembre 1626 et du 25 février 1627 (avec les deux réponses de Parisano) ;

  • une lettre de Gabriel Naudé, {e} datée du 8 décembre 1628 (avec la réponse de Parisano) ;

  • une lettre d’un médecin de Paris anonyme {f} datée du 15 septembre 1631 avec cette souscription,

    Scribentis nomen non ponitur honestatis causa, et quia (ut inquit) fœnum in cornu gerit ; notum tamen est Academiæ Parisiensi.

    [Le nom de l’auteur n’est pas indiqué, par discrétion et parce que (dit-il) fœnum in cornu gerit ; {g} il est pourtant connu au sein de l’Université de Paris].

    Le style de cette lettre m’a semblé beaucoup trop ampoulé pour être de la plume latine de Guy Patin, ordinairement plus simple et familière : tous mes doutes se sont dissipés en la voyant intégralement figurer parmi les Epistolæ de Gabriel Naudé (Genève, 1667, lettre xix, pages 108‑120).


    1. V. note [7], Brevis destructio, chapitre i, pour Emilio Parisano. En thérapeutique, une « éponge alexitère » servait à appliquer un contrepoison sur les téguments.

    2. Venise, 1623, v. note [44], Responsio ad Pecquetianos, première partie.

    3. En chimie, la « pierre de touche » (lapis Lydius) servait à éprouver les métaux. Ce terme explique les « attouchements » (tactus) que Riolan a mis dans le titre de sa riposte.

    4. Docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1619, vnote Patin 6/28.

    5. Naudé, mort en 1653, était docteur de la Faculté de médecine de Padoue (vnote Patin 9/3) et ami de Jacques Mentel (qui avait un an de moins que lui).

    6. Hyginus Thalassius indique ici sans ambages qu’il s’agit de Guy Patin, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1627.

    7. « il porte du foin sur la corne », adage antique venu d’Horace, Satires, i, iv, vers 34, pour dire de quelqu’un qu’il est enragé et dangereux (comme un taureau agressif dont on couvre les cornes de foin). Cette locution est appliquée à Riolan dans le corps de la lettre (pages 24‑25) :

      Certè Riolanus noster tantus est in rebus anatomicis, vt si illum de gradu semel deieceris nulla tibi restat amplius audienda difficultas ad principem locum in hac facultate obtinendum et retinendum. Optassem equidem vt leues quasdam iniurias Tibi condonasset, nec satius duxisset iracundiæ, quàm Veritati indulgere : sed fœnum habet in cornu, et alterius censuram ferre non potest, qui hoc vnum et à longo tempore, et ab assiduo labore se tandem consequutum fuisse sibi persuasit, vt in reliquos omnes Censoris egregij personam sustinere valeat.

      [L’éminence de notre Riolan en anatomie est certainement telle que si vous l’aviez un jour dépossédé de son rang, vous n’auriez plus aucune difficulté à oser obtenir et conserver la première place en cette Faculté. J’aurais pareillement souhaité qu’il vous eût épargné certaines légères insultes et qu’il n’eût pas atteint un degré de colère qui lui a fait largement dépasser le respect dû à la vérité ; mais fœnum habet in cornu et ne peut tolérer la critique d’un autre, ce qui l’a mené, depuis longtemps et par le travail assidu auquel il s’est astreint, à se persuader qu’il était à lui seul capable de s’ériger en noble juge de tout le reste des anatomistes].

      Dans son Anthropographia de 1626 (page 54), Riolan avait éreinté les Libri duodecim de Subtilitate [Douze livres sur la Subtilité] de Parisano (Venise, 1623, vnote Patin 1/188).


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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 8.

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(Consulté le 14/06/2024)

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