Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iv, note 55.
Note [55]

Plus haut dans ce chapitre, {a} Hyginus Thalassius a déjà brièvement cité ce passage des Opuscula anatomica varia et nova de Jean ii Riolan, {b} dans son attaque contre Pierre Guiffart, {c} 2e partie, pages 217‑218 :

“ Pag. 33. […] Neque hoc chyli per lacteas receptaculum, bifidumque ad subclauios demeaculum, instar inanis cuiusdam spectaculi Philosophum solius curiositatis auidum nata sunt oblectare. Sæpius in cadaveribus humanis obseruatum est, magnam chyli corrupti copiam ab hoc receptaculo intra viscerum spatia profusam, (addo et intra cauitatem peluis factam ab ossibus ilium et osse sacro) quam ob similitudinem decepti Medici, arbitrabantur pus esse quoddam liquidius, ideoque abscessum aut vomicam per omnes abdominis partes frustra perquirendo, tempus consumpserunt. ” {d}

Istam observationem laudo, addo ex insertione illarum venarum lactearum ad truncum Cavæ iuxta emulgentes, nonnunquam vrinas fluere puriformes, sine ullo renum aliorumque viscerum præcedente inflammatione vel ulcere ; interdum etiam per intestina eadem purulentia lactiformis effluit, vel sincera, vel stercoribus permixta, sine vllo dolore intestinorum, quæ reputatur manare à mesenterio ulcerato et abscessum passo. Cum tamen procedat ab ista collectione chyli in magna glandula mesenterij, et in venis lacteis, qui in eas partes protrusus fuit ; Idem in thorace contingere potest ruptis istis tubis chyliferis, quod est funestum, vt in ruptura earumdem venarum lactearum in abdomine. Nisi venæ illæ lacteæ exarescant, ad sistendum fluorem continuum chyli, atque vacuata fuerit purulentia in abdomine, vel thorace diffusa et collecta. {e}

[Page 33 {f} « (…) Ce réservoir du chyle traversé par les lactifères et ce double passage souterrain qui mène aux subclavières n’ont pas été créés comme un spectacle vide de sens, uniquement destiné à distraire un naturaliste curieux. À l’ouverture des cadavres humains, on observe très souvent qu’une grande abondance de chyle corrompu s’est épanchée depuis ce réservoir dans les interstices des viscères (j’y ajoute la cavité pelvienne limitée par les os iliaques et le sacrum), et les médecins, trompés par son apparence, pensent qu’il s’agit d’un pus fort délié, et perdent leur temps à chercher inutilement une vomique {g} ou un abcès partout dans l’abdomen. » {d}

Je loue cette observation et ajoute que parfois, en raison de l’insertion de ces veines lactées au tronc de la veine cave près des rénales, s’écoulent des urines puriformes, sans survenue préalable d’une quelconque inflammation ou ulcération des reins ou des autres viscères. {h} Il arrive parfois aussi qu’un écoulement purulent d’aspect laiteux se fasse par les intestins, soit pur, soit mêlé aux fèces, sans aucune douleur abdominale ; lequel est réputé causé par l’ulcération d’un abcès du mésentère, mais provient d’une collection de chyle dans la grande glande {i} et dans les lactifères du mésentère, qui a été chassée dans les intestins. {j} La même chose peut se produire dans le thorax quand les canaux chylifères s’y sont rompus, ce qui est mortel, tout comme quand les lactifères rompent dans l’abdomen, à moins que ces veines lactées ne s’assèchent pour tarir l’écoulement continu du chyle, et que ne s’évacue la collection de pus qui s’est répandue dans l’abdomen ou le thorax]. {e}


  1. V. supra note [53].

  2. Paris, 1652, v. note [10], Brevis Destructio, chapitre i.

  3. Section intitulée Admonitio ad D. Petr. Guiffartum, Medicum eruditissimvm, de Cordis officio novo [Avertissement adressé au très savant médecin Pierre Guiffart sur la nouvelle fonction du cœur], où Riolan attaquait le traité que ce médecin de Rouen avait publié sur le même sujet en 1652 et où il défendait la découverte de Jean Pecquet (v. la même note [10] que dans la notule {b} supra).

  4. Mise en exergue du passage repris par Hyginus Thalassius dans le texte de Guiffart (mis entre guillemets) ; la parenthèse intercalaire est une addition de Riolan.

  5. Mise en exergue du passage de Riolan intégralement repris par Hyginus Thalassius (avec de minimes variantes).

  6. Second paragraphe, page 33, du livre de Guiffart.

  7. On appelait vomique une collection purulente du tronc qui peut s’ouvrir dans un viscère creux (bronche, tube digestif haut) pour provoquer une expulsion soudaine et abondante de pus par la bouche, ressemblant à un vomissement.

  8. La chylurie vraie était et demeure un phénomène exceptionnel, qui traduit une communication entre le réservoir du chyle et les voies excrétrices urinaires. En revanche, un abcès froid tuberculeux (sans inflammation) pouvait plus souvent qu’aujourd’hui évacuer son pus (caséum) par ces voies.

  9. Nom que Riolan donnait au réservoir de Pecquet : v. note [4], Nova Dissertatio, expérience i.

  10. Même mécanisme que la vomique (notule {g} supra), mais avec évacuation de la collection purulente par voie basse.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iv, note 55.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=0053&cln=55

(Consulté le 03/06/2024)

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