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Appréciations sur Pierre Fauchard

Les débuts de la consécration durant le dernier tiers du XIXe siècle

Ce n’est réellement que dans le dernier tiers du XIXe siècle que Pierre Fauchard va être reconnu progressivement comme le fondateur de l’odontologie. Plus que le contenu didactique de son ouvrage, ce sont surtout ses revendications pour une autonomie de la profession et la nécessité d’un enseignement spécialisé qui vont être retenues et mises en exergue, en 1865, par Trousseau, chirurgien-dentiste à Rennes. Rappelons que la loi de 1791 stipulait que tout citoyen français avait désormais le droit d’exercer tout négoce, toutes professions, tous arts et métiers sans exception, à la seule condition pour lui de payer patente. Peu après, lors de l’organisation de l’enseignement et de la pratique médicale, la dentisterie est oubliée. À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, la disparité entre les dentistes américains d’une part, les médecins dentistes et les nombreux dentistes non diplômés d’autre part conduira à une réorganisation totale de la profession de chirurgien dentiste. Les écoles dentaires sont créées à partir de 1880 et le diplôme en 1892.

Première page de l’article Jean-Marie Trousseau (1811-1887), Pierre Fauchard. Chirurgien-Dentiste à Paris, ancien Chirurgien-Major des Armées navales"
L’Abeille, journal des dentistes 1865, n° 1-2 p. 4-8, 13-15 (BIU Santé P 322)

Jean-Marie Trousseau (1811-1887)
Pierre Fauchard
Chirurgien-Dentiste
à Paris, ancien Chirurgien-Major
des Armées navales

(Première page de l’article)

"Ce qu’il [Pierre Fauchard] disait sur l’état de l’enseignement de la chirurgie dentaire, on peut le répéter aujourd’hui mot pour mot, sans sortir d’une actualité désespérante. Il est étrange, en effet qu’à plus d’un siècle de distance, la question soit restée la même, et que nous la retrouvions à la fin de l’année 1864 telle qu’il l’avait posée dans la première édition de son ouvrage en 1728, et telle qu’il la répète dans la seconde en 1746. […] Ses relations nombreuses avec les médecins et les chirurgiens de son temps lui permirent d’agrandir le champ de ses investigations. […] Si nous le jugeons d’après ses écrits, nous trouverons qu’il avait le sentiment de sa propre valeur pour ne pas croire avec trop de confiance dans la supériorité d’autrui, et pour dire notre pensée sur un sujet aussi délicat, nous croyons encore que la modestie véritable ne faisait pas précisément le fonds de son caractère".

 
Page de titre Louis Hyacinthe Thomas, "Le passé de l’Odontologie"
Conférence faite à l’inauguration de l’École libre de Paris, le 13 novembre 1880, Bulletin du Cercle des Dentistes de Paris, 1881. (BIU Santé 50325 (9))

Louis Hyacinthe Thomas, Le passé de l’Odontologie

"J’ai nommé Pierre Fauchard, retenez bien ce nom, Messieurs, car c’est à lui que commence une nouvelle période de l’histoire de votre art. Un individu sans grades universitaires, sans considération, a pu, à force d’études et de méthode attirer l’attention des savants sur une spécialité presque oubliée. Il a pu, à force d’honorabilité et d’instruction, relever le niveau social d’une classe utile et intéressante de praticiens ; ceci vaut la peine que vous conserviez son souvenir et que vous inscriviez son nom dans la première page de vos Annales".

 

 

George Pierce Geist-Jacobi, Geschichte Zahnheilkunde vom jahre 3700 v. Chr. bis zur Gegenwart, Tübingen, Pietzcker, 1896.

Il rend à Pierre Fauchard l’honneur qui lui est dû, et fait allusion à l’insinuation malveillante de son compatriote, Johan Jakob Joseph Serre.