L. 495.  >
À Claude II Belin,
le 2 octobre 1657

Monsieur, [a][1]

Je dois réponse à deux des vôtres et vous dirai pour la première, que mon fils aîné [2] n’a été qu’à Anglure, [3] et n’a pas été jusqu’à Troyes. [4] Je souhaite fort que jamais les nouveaux pharisiens [5] ne mettent pied en votre ville. Il est vrai qu’à Bayonne [6][7] il y a eu du bruit contre eux, nous savons bien ici qu’il y a eu du bruit à Châlons. [1][8] On dit que le roi [9] est à Nancy [10] et que bientôt il viendra à Châlons, et delà à Compiègne [11] et à Fontainebleau, [12] etc. [2]

Pour votre seconde, je vous donne avis que nous n’exigeons rien pour la visite des apothicaires : [13] ce ne sont point les médecins qui donnent jour et heure de ladite visite, cela a été contesté contre eux en plusieurs rencontres, et même en mon décanat ; [14] aussi est-ce pourquoi le doyen [15] n’y va jamais, il n’y a que les professeurs en pharmacie [16] avec leurs deux adjoints. [3] Pour ce que je dis contre eux au Parlement[4][17] je vous assure que je n’en avais jamais rien écrit ; mais d’autant que la Faculté ordonna que cela serait remarqué dans les registres, je pense que j’en donnai quelques mémoires à M. Perreau, [18] alors doyen, afin qu’il les mît dans ses registres, dont je n’ai ni brouillon, ni copie. Je me souviens bien que je parlai contre l’abus de leurs drogues, et entre autres contre le bézoard, [19] la thériaque [20] et la confection d’hyacinthe [21] et d’alkermès, [22] dont vous trouverez quelque chose de bon dans les Observations qui sont derrière la Thèse française de feu M. Guillemeau[23] de l’an 1648, lesquelles sont curieuses, et de ma façon[5] Vous trouverez là-dedans des raisons et de la doctrine. Il y en a aussi dans la préface du 29e livre de l’Histoire naturelle de Pline, [6][24] et dans la préface de Mizaldus in suo Alexikepo, et in Erroribus popularibus Primerosii, et in Pharmacia Renodæi, in Præfationibus utriusque partis[7][25][26][27] Si vous m’en eussiez plus tôt averti, je vous aurais cherché quelque chose là-dessus, ce qui est aisé à faire pourvu que j’aie du temps. En attendant, je vous baise les mains, j’attends le Varandæus [28] tous les jours, et suis de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur,

Guy Patin

De Paris, ce 2d d’octobre 1657.

Voyez Agrippa [29] de vanitate scientiarum[8] il a fort bien dépeint les apothicaires et la plupart de leurs fourberies{ ; et la Piazza universale de Garzoni, [30] il y a là-dedans plusieurs choses contre les apothicaires et les chimistes}. [9]



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 octobre 1657

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(Consulté le 05/12/2024)

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