Je dois réponse à vos deux dernières lettres. Je rendrai les services qu’il me sera possible à votre M. Vollebius, qui est un jeune homme fort aimable, comme aussi à tous ceux qui me viendront de votre part. [1] Les deux volumes que j’ai reçus de l’Espagnol de Heredia [2] sont plus que barbares dans la doctrine et dans l’élocution. [2] S’il n’a quelque chose de fort bon et de nouveau à nous dire sur la doctrine des fièvres, qui ne soit ni dans Galien, [3] ni dans Fernel, [4] c’est bien perdre son temps ; mais on ne se lassera jamais de faire des livres, les fous en font plus que les sages. Ce que vous me mandez du Traité des Fièvres de Gutiérrez, [3][5] qui est aussi un médecin espagnol, me dégoûte déjà. Je ne sais comment les écrivains de cette nation écrivent si mal, ils en devraient être honteux et se taire ; il y a eu des temps qu’ils écrivaient bien mieux. J’ai su qu’on méditait à Lyon une nouvelle édition des œuvres de Rondelet, [6] qui a été à mon avis le plus habile de son temps à Montpellier. [7] Il a été bon praticien et a passé plusieurs autres qui sont venus depuis lui. J’ai dans ma bibliothèque [8] le Petrus Castellanus qui a écrit la vie des médecins illustres, [9] mais je n’ai pas le I. Wolfgangus Freymonius. [4][10] Je l’ai autrefois vu ; aux enseignes qu’il y a bien dedans des fautes de chronologie, il ne s’y faut point fier. La querelle de M. Menjot [11] et d’Hadrianus Scaurus n’est pas encore finie. [5] Je pense que ce Scaurus est Pierre Petit, [12] docteur de Montpellier et bachelier de Paris, que j’ai vu ci-devant précepteur des enfants de M. le premier président. C’est lui qui a fait de Motu animalium, de Lacrymis et de Luce adversus Vossium. [6] Il est fort savant et a quitté la médecine pour se donner tout entier aux belles-lettres. Vale.
De Paris, ce 21e de janvier 1667.