[Ms BIU Santé no 2007, fo 87 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Thomas Bartholin, à Copenhague.
Très distingué Monsieur, [a][1]
J’ai reçu votre lettre datée du lundi 20e de juin, avec les mensurations du bandage que vous cherchez pour votre malade souffrant de hernie. [2] J’utilise personnellement un tel bandage pour la même incommodité, sans aller jusqu’à dire pour la même affection, dont je souffre depuis quinze ans. [3] À cette fin, je connais un artisan sûr et fidèle, dont j’emploie très souvent les talents pour divers malades embarrassés par le même mal. Je suis allé le voir, et après lui avoir lu votre lettre et lui avoir donné la mensuration que vous m’avez communiquée, je lui ai demandé qu’il nous fabrique un bandage conforme à votre souhait et le donne à notre ami marchand qui vous le transmettra. [4] Après avoir soigneusement pesé l’affaire et en avoir mûrement débattu, il a conclu que cela ne pouvait se faire et a dit qu’il ne l’enverrait pas ne oleum et operam perdamus : [1][5] la mensuration envoyée ne suffit pas à confectionner un bandage idoine, elle nous indique seulement la longueur, mais non l’épaisseur ou la finesse des lombes et des flancs. La bilatéralité de la hernie de votre malade accroît en outre la difficulté. Je lui ai offert tout l’argent qu’il voudrait s’il faisait un excellent appareil qui convînt, mais il a refusé catégoriquement et ne peut remettre ainsi de bandage à qui que ce soit. Voyez là-dessus ce que vous voulez que je fasse. Si quelqu’un de chez vous désire venir ici et me rendre visite, j’ai quelques livres à vous envoyer, mais en particulier une Vita Galeni qu’un jésuite a tirée de ses œuvres et m’a dédiée, [6][7] ainsi qu’un arrêt du Parlement contre les chirurgiens trop arrogants, etc. [2][8][9] Je salue vos très chers frères [10] et vos autres amis. Vale.
De Paris, le 30e de juillet 1660.
Votre Guy Patin de tout cœur.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Thomas Bartholin, ms BIU Santé no 2007, fo 87 vo.
« pour que nous ne gaspillions ni notre huile ni notre temps » (Plaute, v. note [12], lettre 139).
V. note [1], lettre latine 361, pour le bandage herniaire qui portait le nom de brayer.
V. notes [5], lettre 612, pour la « Vie de Galien » par le P. Philippe Labbe, et [12], lettre latine 131, pour l’arrêt du Parlement contre les chirurgiens.
Ms BIU Santé no 2007, fo 87 vo.
Clar. viro D. Thomæ Bartholino. Hafniam.
Tuam accepi, Vir Cl. 20. Iunij datam, cum mensura vinculi
quod requiris pro hernioso. Ego simili utor vinculo propter idem
impedimentum, ne dicam affectum, quo laboro ab annis quindecim :
Ad hoc habeo mihi certum et fidum artificem, cujus opera utor sæpius
pro varijs ægris eodem morbo implicitis : Illum conveni, rogaviq. ut epistola
tua audita, et transmissæ mensuræ habita ratione, vinculum idoneum nobis
conficeret ad votum tuum, mercatori nostro tradendum ut ad vos
transmitteret. Qua re perpensa et maturè discussa, negavit istud
fieri posse : dixitq. se non missurum ne oleum et operam perdamus, quoniam
vinculum mensura transmissa non sufficit ad idoneitatem vinculi conficiendam, utpote quæ
longitudinem dumtaxat nobis indicet, non v. crassitiem aut tenuitatem
lumborum et ilium : difficultatem etiam adauget ipsius vestratis
herniæ duplicitas. Pecuniam obtuli quantam vellet, modò fuerit
optimum ac idoneum vinculum : nullum se negavit acepturum :
nec vinculum à quoquam tradi posse. ^ Vide super ea re quid velis fieri. Si quis vestrum huc appetat,
et ad me veniat, habeo quædam Tibi mittenda, præsertim verò
vitam Galeni ex ejus operib. excerptam à quodam Iesuita, mihiq.
dicatam, ut et Senatuconsultum quoddam adv. Chirurgicos
nimis superbientes, etc. Cariss. fratres et alios amicos saluto. Vale.
Datum Parisijs, 30. Iulij, 1660.
Tuus ex animo Guido Patin.