À Hugues II de Salins, le 1er août 1659

Note [9]

« Pour provoquer le sommeil, il n’y a nul besoin de remèdes hypnotiques au début de la maladie ; seule en effet est alors requise la saignée, avec des lavements rafraîchissants, et avec des bouillons et la prise de boisson froide ; quand la maladie est avancée, nous utilisons le sirop de pavot, qui est le diacodium (mais très rarement pour ma part), ou du sirop de nénuphar dans une décoction de laitue, de pourpier, d’oseille ronde, de trèfle, etc. »

V. notes [13], lettre de François Teveneau datée du 25 février 1657, pour les vertus médicinales du nénuphar, et [10], lettre 33, pour la réédition des Prénotions coaques d’Hippocrate traduites et commentées par Louis Duret.

Le diacodium, ou diacode, est un médicament qui se fait de têtes de pavot blanc et noir (Thomas Corneille) :

« Il faut qu’elles soient de moyenne grosseur, sans être ni trop sèches ni trop humides. On les fait tremper sur les cendres chaudes pendant 24 heures, si elles sont fort humides, et deux jours entiers, si elles sont fort sèches, pour les faire cuire jusqu’à ce qu’elles se flétrissent afin d’en mieux tirer le suc ; dans l’expression duquel il faut dissoudre la moitié pesant de vin cuit, ou autant pesant de pénide {a} et de sucre. On le fait cuire ensuite à petit feu clair et sans fumée, en consistance de lohoc, {b} et on le garde pour s’en servir au besoin. C’est là le diacodium simple. Le composé se fait en jetant dans chaque livre du simple une poudre faite d’acacia, d’hypocistis, de myrrhe, de safran et de balaustes. On y en met une demi-drachme de chacun avec une demi-once de trochisques de Ramich. {c} Le diacodium est anodin {d} et narcotique, et arrête les fluxions qui tombent sur les poumons, surtout lorsque l’humeur est tenue. Ce mot est fait de dia, “ par ”, et de kôdôn, “ petite cloche ”, à cause qu’il est fait de têtes de pavot qui représentent les petites cloches sonnantes des enfants. »


  1. Sucre d’orge : « préparation de sucre cuit avec une décoction d’orge jusqu’à un certain degré, après quoi il est longtemps manié tant avec la main qu’avec des crochets jusqu’à ce qu’il devienne blanc [transparent] » (Furetière).

  2. Sirop épais.

  3. Trochisque (v. note [7], lettre latine 341) composé par Mésué (Pharmacopée de Laurent Joubert, Lyon, 1592, pages 289‑290)

  4. Antalgique.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 1er août 1659, note 9.

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(Consulté le 26/04/2024)

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