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Note [6]
Jean Fernel a consacré les chapitres iv et v (pages 227‑232) du livre quatrième de sa Pathologie (v. supra note [2]) aux fièvres synoques (v. note [3], lettre latine 104).
« La fièvre synoque, que nous appelons contenante, est la première de toutes celles qui procèdent du vice de l’humeur. Cette sorte de fièvre travaille sans relâche, n’irrite pas beaucoup, et ne reçoit point d’intermission que lorsqu’elle vient à cesser entièrement. Or, il y en a de deux sortes : l’une sans putréfaction, et l’autre putride. »
« La synoque qui ne procède point de putréfation est donc une certaine ébullition et simple inflammation, qu’on appelle phlogose. {a} Or, comme la masse du sang qui sert de matière à cette fièvre est partout de même sorte, et en tout semblable à soi-même, aussi l’inflammation dont elle est affectée est-elle d’une seule et même sorte et ne souffre presque qu’un accès depuis le commencement jusqu’à la fin. […]
Entre les causes, celles-ci peuvent beaucoup, savoir est : une grande astriction et constipation de la peau, {b} et la redondance du sang, provenant ou de la suppression de l’évacuation qui a coutume de se faire par les hémorroïdes, par les mois, ou par les narines, {c} ou bien de l’usage excessif des viandes de bon suc, qui sont chaudes et de grande nourriture. C’est pourquoi celui qui, ayant la température bonne, {d} mène une vie déréglée, est ordinairement sujet à cette espèce de fièvre ; comme encore celui qui, se portant bien, se remplit néanmoins beaucoup de vin et se gorge de chair ; car ces personnes engendrent quantité de sang chaud, lequel ne se corrompt pas facilement. »
« La fièvre synoque putride est la continue qui provient de la pourriture du sang. […] Le sang se pourrit en deux façons : l’une générale lorsque, par la violence de la chaleur outre nature, les substances dissemblables, qui sont dans la masse du sang, viennent à se séparer les unes des autres, et la bile jaune et subtile se démêle d’avec la noire, qui est terrestre et grossière […] ; l’autre façon en laquelle le sang se pourrit est lorsque, sans aucune séparation ou division des substances, toute la masse du sang vient à se corrompre avec puanteur ou mauvaise odeur. […]
Au reste, les causes en sont plus fortes que celles de la simple et apportent non seulement de l’inflammation, mais aussi de la putréfaction. La plus efficace de toutes, c’est non la simple constipation du cuir, {e} mais une vraie obstruction formée par la quantité d’humeurs grossières et gluantes, laquelle ne bouche pas seulement les pores de la peau, mais aussi les petites veines du foie et des autres parties du corps. Combien donc que le corps fût entièrement sain et, toutes les humeurs sincères et selon la nature, parce néanmoins que l’obstruction étant grande et que la fraîcheur du dehors ne peut entrer au-dedans, de même que les excréments subtils, âcres et fuligineux {f} ne peuvent sortir dehors, de là vient que la chaleur naturelle est suffoquée ; et faut de nécessité que tout ce qui est de chaud et humide dans le corps vienne à se pourrir. Quelquefois aussi cette fièvre s’éprend au rencontre de semblables choses pourries. » {g}