< L. 673.
> À Hugues II de Salins, le 26 février 1661 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Hugues II de Salins, le 26 février 1661
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Je vous dirai pour nouvelles que nous avons eu un nouveau doyen à la place de M. Blondel, [2] qui a fait merveilles en son décanat. Son successeur est M. Morisset. [3] Pour les commentaires de M. Merlet [4] sur les Épidémies, [5] il n’y a encore rien sur la presse et néanmoins, le bonhomme est bien vieux. [1] Il a 77 ans passés et n’y en a qu’un plus ancien que lui, savoir M. Des Gorris, [6] lequel ne jouit point des droits d’ancien maître [7] à cause qu’il est huguenot ; [8] il y a un arrêt de la Cour pour cet effet. [2] Le bonhomme M. Perreau [9] est mort âgé de 74 ans. [3] Il est vrai que la Pathologie de Fernel [10] se trouve en petit volume in‑12 ; [4] au moins, elle a été imprimée autrefois rue Saint-Jacques. [11] Vous avez bien dit en français le nom de Perdulcis, [12] qui fut ainsi toujours appelé à Paris, d’autant qu’un autre docteur, son oncle, avait ainsi voulu être appelé, qui avait à nom André. [5][13] Ce vomissement de sang [14] est ordinaire aux mélancoliques, [15] rateleux [16] et hypocondriaques, [6][17] principalement lorsqu’ils sont pléthoriques ; [18] et même, il leur vient souvent de la rate : per vas breve ad fundum ventriculi repit a liene sanguis subniger. [7] Il les faut saigner des deux bras, et plutôt deux fois par jour qu’une, mais en tirer peu à la fois, ad revulsionem. [8][19] Pour ce que vous me dites des urines, si ç’a été de vrai pus, tenez pour certain que c’est un ulcère dans les reins. [20] Quelquefois le pus des urines vient de quelque partie au-dessus des reins, comme de la poitrine (Galien [21] l’a dit en son commentaire sur le Pronostic [22] et je l’ai quelquefois vu arriver), mais cela est bien rare. Fernel a fort bien décrit les ulcères des reins et autres vices de cet appareil, car il y était sujet. Vous ne sauriez manquer de le lire, il y a toujours à apprendre quelque chose de bon. [9] Le mal de ce jeune homme des champs est delirium melancholicum et maniacum, cui potissimum conveniunt aquæ potus et venæ sectio, præsertim si febris succedat ; sin minus, sæpius ac sæpius est repurgandus ex foliis Orient. et syrupo diarhodon, vel de florib. mali persicæ. [10][23][24][25] Pour le vers Mense malas Maio nubere vulgus ait, [11] il est d’Ovide, [26] dans les Fastes, lib. v ; c’est un proverbe de la vieille Rome, qui est faux aussi bien que beaucoup d’autres. Plutarque [27] même en a dit autant in Quæstionibus Romanis. [12] Ce proverbe est encore en crédit à Paris, combien que faux, car les femmes y disent Au mois de mai, on n’amasse rien qui soit, au mois d’août, on n’y amasse que des poux. La plupart des proverbes sont faux ; néanmoins, les Adages d’Érasme [28] sont fort savants et méritent d’être lus tous les jours par un homme qui veut devenir savant. [13] Les Proverbes de Salomon [29][30] sont de belles sentences morales qui peuvent fort servir à la conduite de la vie, principalement aux jeunes gens. J’attends tous les jours des livres de Hollande, de Lyon et de Francfort. Je pense que les mauvais chemins sont cause que rien ne vient. La rivière est si grosse qu’elle est débordée, [31] la Loire [32][33] pareillement. Purpuratus nondum bene habet ex podagricis doloribus, [14][34][35][36] j’ai peur qu’il ne guérisse pas entièrement de tant de maux qu’après Pâques. [15] On dit que le roi d’Angleterre [37] ne veut point de sa nièce, [38][39] mais on parle de le marier avec l’infante de Portugal, [40] dont le parti pourrait devenir fort avantageux par la mort du roi de Portugal, [41] son frère, qui est faible et délicat. Cela viendrait bien aux Portugais, vu qu’il pourrait les défendre contre l’Espagnol qui les menace, et qui n’ont guère de secours maintenant s’ils n’en tirent d’Afrique, des rois de Fez et de Maroc, [42][43] ou de quelque autre prince voisin et infidèle ; vu que nous les avons, très malheureusement pour eux, abandonnés par notre traité de paix générale. [16][44] On continue l’impression du Cardan [45] à Lyon en 10 volumes in‑fo. Pauli Zacchiæ Quæstiones medico-legales [46] en deux tomes in‑fo y est achevé chez M. Huguetan. [17] Vous, qui êtes studieux, devez acheter ce livre, il est plein de bonnes choses. Vous l’aurez à Lyon à bon compte, il vous désennuiera et apprendra bien des choses. Dites-en autant à monsieur votre frère, à qui je baise les mains. Ce livre, avec le Sennertus in‑fo, le Fernel, Riolan, Duret [47] et Perdulcis sont des trésors en votre étude. Je baise les mains à mademoiselle votre femme et à la petite fille qui connaît si bien mon portrait. [48] Vive, vale et me ama. Tuus ex animo, Guido Patin. [18] De Paris, ce 27e de décembre 1660. Voilà M. Bouchin [49] qui m’est venu voir, je lui ai donné cette lettre qui est écrite il y a longtemps. Nous n’avons ici rien de nouveau si ce n’est que le cardinal Mazarin se meurt au Bois de Vincennes : [50] il est enflé, il a une hydropisie [51] de poumon, une fièvre lente ; [52] ex marcore viscerum et forti intemperie quæ multum serum generat, imminet periculum suffocationis ; [19] il songe à la mort qui est prochaine, mais il ne soulage point le pauvre peuple. Vale et me ama. Tuus ex animo, Guido Patin. De Paris, ce samedi 26e de février 1661. Je vous baise les mains, et à Mlle Marguerite de Bonamour et à votre petite fille, et à monsieur votre frère, et iis omnibus qui rebus nostris favent. [20] | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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