L. 833.  >
À André Falconet,
le 11 septembre 1665

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 11 septembre 1665

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0833

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Enfin ces Messieurs les archiatres ont chassé le prêtre Gendron [2] d’auprès de la reine mère [3] et y ont fait entrer M. Alliot, [4] médecin de Bar-le-Duc. [5] Ceux de la cour disent qu’elle amende tous les jours, je prie Dieu qu’elle en guérisse. On dit qu’elle ira bientôt avec le roi [6] et toute la cour au Bois de Vincennes. [7] On a fait un grand service dans Saint-Barthélemy [8] pour feu M. le lieutenant criminel [9] et sa femme, [10] mais si elle n’avait point d’âme, que deviendront ces prières car, pour les cierges, ils sont brûlés et consumés ?

Ce 10e de septembre. J’apprends que votre M. de Rhodes [11] a perdu son procès, qu’il a été ici malade et qu’il s’en est retourné. Je lui fis quelque difficulté sur le testament qui était en question, mais comme il se croit habile homme, il me dit qu’infailliblement il le gagnerait. Vous le voyez vous-même, les juges ont en ce cas, comme en plusieurs, des règles, et l’usage est plus certain que le caprice d’un homme qui plaide et qui veut gagner per fas et nefas[1] Prenez la peine de vous souvenir d’un beau passage qui est dans Corn. Celsus lib. 8. cap. 4. et vous y verrez votre jeune docteur, Levia ingenia, quia nihil habent, nihil sibi detrahunt[2][12][13] Enfin j’ai pris aujourd’hui mes vacances et j’ai congédié mes écoliers par un adieu qui les a fait pleurer aussi ; mais j’ai céans bien pis que mes leçons [14] et la peine d’aller au Collège royal[15] j’ai céans les maçons qui m’ont fait remuer la moitié de mon étude et ôter plus de 6 000 volumes [16][17] de leur place pour les laisser travailler à un gros mur mitoyen qu’il faut refaire, qui est entre M. le président Miron [18] et moi. [19] J’étais assez bien sans ce malheur qui m’est survenu, mais il faut que Lucrèce [20] devienne prophète puisqu’il a dit Medio de fonte leporum Surgit amari aliquid quod in ipsis faucibus angat[3][21]

Par commandement du roi, Messieurs de Sorbonne [22] examinent fort sérieusement la dernière bulle [23] du pape. [24] Il y en a qui disent que le pape la désavoue, et que cette bulle a été fabriquée à Paris par les jésuites [25] et supposée par M. le nonce : [4][26] sic fraudibus itur ad astra, politica est ars non tam regendi quam fallendi homines ; [5][27][28] les plus fins mènent les autres par le nez en ce monde et le diable les retient en l’autre pour ce qu’ils valent.

La reine mère n’est pas contente qu’on lui ait ôté Gendron. Elle ne veut point voir Alliot, [29] il ne la touche point. C’est Bertrand, [30] son chirurgien, qui la panse, par le conseil pourtant de ce M. Alliot. Mundus omnis facit histrioniam[6][31] Je baise les mains à M. Delorme et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 11e de septembre 1665.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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