L. française reçue 4.  >
De Julien Bineteau,
le 8 octobre 1651

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Julien Bineteau, le 8 octobre 1651

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9090

(Consulté le 09/12/2024)

 

À Monsieur Monsieur Patin, doyen de la Faculté de médecine de Paris. [a][1]

Monsieur, [2][3]

L’honneur que vous m’aviez fait de m’écrire une fois et de me donner de bons avertissements sur l’usage de l’antimoine [4] et de la chimie [5] me faisait espérer une seconde lettre de votre part, qui pût éclaircir les ténèbres où j’étais et résoudre les difficultés que ma réponse avait formées à vos propositions. [1] J’attendais cette faveur avec impatience et, pour cet effet, j’avais dilaté la matière, je vous avais donné beau jeu et plano poteras, et aperto excurrere campo ; [2][6][7] mais je ne sais d’où vient que les pointes de votre plume et de votre esprit sont émoussées en si peu de temps sur ce sujet. Vous promettiez d’être disert en parlant contre l’antimoine, et vous êtes muet. Je tiendrai, toutes fois et quantes qu’il vous plaira, son parti et celui de la chimie, et si vous faites effort pour me prouver que les grands saigneurs ne sont pas plutôt carnifices quam medici[3] sans me peiner, je vous répondrai si bien que videbor Demosthene fœcundior, Cicerone facundior, Fernelio disertior[4][8][9][10] J’ai ouï parler du pouvoir de votre langue et de vos beaux discours, mais j’ai appris que vous êtes encore plus grand saigneur que discoureur, et tout au contraire du proverbe qui dit Plures occidit gula quam gladius ; tu vero plures gladio quam gula enecas, et quamvis gula linguaque multum possis, gladiolo tamen magis potes[5][11] Mon humeur n’est pas de faire tant de bruit après les malades, ni de les traiter tous de la même façon et avec un seul médicament. [6][12] Je leur en tiens plus aucunefois [7] que je ne leur en promets, et je ne me contente pas d’entretenir leur esprit de discours seulement pendant que le mal mine leur corps ; je combats, j’abats leurs douleurs et leurs maladies non verbis solum, sed rebus et factis[8] Vous m’obligerez, Monsieur, si de nouveau vous me faites la faveur de mettre la main à la plume pour me donner de bonnes et utiles instructions, et me prouver que l’on ne doit se servir que de saignées, de son [13] et de séné [14] pour traiter et guérir toutes sortes de maladies en toutes personnes. Je prends tout ce qui viendra de vous en très bonne part pour en profiter et je recevrai vos avis avec autant d’affection et de cœur que je vous prie de me croire, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

J. Bineteau, médecin.

À Paris, ce 8 octobre 1651. [9][15]

Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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