À Charles Spon, le 23 février 1655, note 1.
Note [1]

Sébastien Zamet (Paris 1587-Mussy-sur-Seine, Aube, 2 février 1655) était fils de Sébastien Zamet, baron de Murat et de Billy, banquier fortuné et gouverneur de Fontainebleau, et dit-on, petit-fils d’un cordonnier de Lucques en Italie, dont la famille avait suivi l’installation de Marie de Médicis en France (1580) ; il était apparenté par sa mère, Madeleine Leclerc du Tremblay, au Père Joseph (v. note [8], lettre 19). Après des études théologiques à la Sorbonne, il avait été ordonné prêtre en 1614 et sacré évêque-duc de Langres en 1615. Zamet s’occupa avec beaucoup de zèle à réformer son diocèse et devint directeur de Jacqueline Arnauld (Marie-Angélique de Sainte Madeleine, dite la Mère Angélique), abbesse de Port-Royal.

En 1633, il avait fondé l’Institut du Saint-Sacrement dont elle devint supérieure. Très vite l’Institut fut soumis aux attaques pour avoir promu un livre composé en 1626 par la Mère Agnès (Jeanne Arnauld, sœur de Jacqueline), le Chapelet secret du Saint-Sacrement, condamné pour hérésie par un groupe de docteurs en Sorbonne. L’énergique abbé de Saint-Cyran, Jean Duvergier de Hauranne (v. note [2], lettre 94), vint heureusement au secours de l’Institut, mais ne parvint pas à demeurer longtemps en bons termes avec Zamet dont il désapprouvait singulièrement les goûts opulents. Évincé du Saint-Sacrement et de Port-Royal en 1636, l’évêque de Langres avait rejoint le camp des ennemis résolus de Saint-Cyran, jésuites et autres. La vive querelle avait abouti en 1638 à l’emprisonnement de Saint-Cyran et à la fermeture de l’Institut. Le mémoire rancunier de Zamet sur cette dispute, Copie d’une lettre de Mgr l’évêque de Langres à Mgr l’évêque de Saint-Malo [Achille de Harlay de Sancy, émissaire de Richelieu] (sans lieu ni date, 1638) avait contribué à sceller le malheureux sort de Saint-Cyran et à discréditer son auteur auprès de la plupart des évêques, et de Richelieu lui-même. Définitivement brouillée avec son ancien directeur, la Mère Angélique avait composé une Relation de la conduite que M. Zamet, évêque de Langres, a tenue à l’égard du monastère de Port-Royal, de la Maison du Saint-Sacrement, de M. l’abbé de Saint-Cyran et de la Mère Marie-Angélique, pour servir d’éclaircissement et de réponse à un mémoire de ce prélat (restée manuscrite jusqu’en 1742). Zamet s’était retiré dans son diocèse, dépensant jusqu’à la ruine son immense fortune pour secourir pauvres et malades (Dictionnaire de Port-Royal, pages 1025‑1026).

Aussitôt nommé pour lui succéder, Louis Barbier, abbé de La Rivière, revenu en grâce auprès de la cour, fut sacré le 2 janvier 1656 (Gallia Christiana). Les évêques de Langres étaient ducs et pairs de France, ils portaient le sceptre lors des sacres royaux.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 23 février 1655, note 1.

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(Consulté le 08/11/2024)

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