À Charles Spon, le 26 décembre 1656, note 15.
Note [15]

« Vous me racontez une chose étonnante et nouvelle sur le meurtre du jeune Saumaise, j’en éprouve un profond chagrin, tant à cause du père très illustre, le phénix des érudits, qu’à cause du fils, qui était digne d’une meilleure fortune. »

Claude i Saumaise (mort le 3 septembre 1653) avait laissé six enfants en vie, cinq fils et une fille (France protestante, tome ix, page 161‑162 et l’abbé Papillon, tome second, page 255).

  1. Élisabeth-Bénigne, l’aînée des enfants et celle des six que son père préférait, revint de Hollande en France avec sa mère, Anne Mercier, qui mourut à Paris le 19 avril 1657 (v. note [5], lettre 95).

  2. Bénigne-Isaac, dont il s’agissait ici, avait été tué en 1655 à Paray-le-Monial en Charolais, par un certain Damas, baron de Digoine (prénommé Théophile ou Benjamin). Ce crime a fait l’objet d’un commentaire de jurisprudence dans les Arrêts notables du parlement de Dijon, recueillis par M. François Perrier… (Dijon, Arnaud-Jean-Baptiste Augé, 1735, in‑4o, tome second, page 332) :

    « On a douté si, un contumace {a} ayant été condamné à mort, et ayant commis un second crime pour lequel il est encore condamné à mort, ce dernier jugement doit encore être exécuté en effigie. Par arrêt donné à la Tournelle le 24 mai 1656, il fut dit que l’arrêt de mort donné contre le baron de Digoine fils, et Labrosse fils, pour homicide commis en la personne du sieur de Saumaise, serait encore exécuté en figure, quoique le baron de Digoine eût été exécuté en effigie pour crime de rapt depuis deux ou trois ans ; d’où il résulte qu’on peut mourir deux fois par effigie. Le baron de Digoine pouvait purger la contumace pour le premier crime ; et comme on pouvait informer contre lui pour le second, on pouvait aussi le condamner pour celui-ci et, par conséquent, faire un exemple. Un homme mort réellement ne commet plus de crime et ne peut plus être condamné à aucune satisfaction publique : c’était la raison de douter, puisque la mort civile est comparée à la mort naturelle ; mais un homme qui n’a pas perdu la vie naturelle, quoiqu’il soit mort civilement, est toujours capable de nouveaux délits et par conséquent, sujet à de nouvelles réparations et à de nouvelles peines. »


    1. Justiciable condamné par un tribunal devant lequel il a refusé de comparaître.

  3. Claude ii, sieur de Saint-Loup, a brièvement correspondu avec Guy Patin.

  4. Josias, sieur du Plessis, suivit en Pologne le roi de Suède, Charles-Gustave, et y fut tué en 1665.

  5. Louis, sieur de Saint-Loup après la mort de ses quatre frères aînés, fut appelé en Angleterre par Charles ii, on ne sait en quelle qualité ; il faisait partie de l’Église réformée de Beaune en 1670.

  6. Louis-Charles fut page de l’électeur palatin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 décembre 1656, note 15.

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(Consulté le 27/04/2024)

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