Bourg (Gironde), à une trentaine de kilomètres au nord de Bordeaux, se situe sur la rive droite de la Dordogne, tout près de son confluent avec la Garonne.
Le geste du roi Philippe ii en faveur du duc de Guise, qu’il tenait prisonnier depuis son expédition malheureuse à Naples en 1648 (v. note [40], lettre 155), annonçait un événement politique de toute première importance : le passage du prince de Condé au service de la Couronne espagnole.
Journal de la Fronde (volume ii, fos 114 vo et 116 ro, 16 et 19 juillet 1652) :
« Un courrier qui arriva ici hier au soir, porte nouvelles que M. de Guise {a} avait été mis en liberté sans rançon et était arrivé à Bourg, proche Bordeaux, pour s’aboucher avec le baron de Vateville. {b} Le même courrier, ayant descendu chez M. le Prince, lui rendit une lettre que le roi d’Espagne lui écrit en français sur ce sujet, laquelle est conçue en termes fort obligeants, dont la substance est qu’il fait tant d’estime de sa personne qu’il a bien voulu lui accorder la liberté de M. de Guise, à sa seule prière. Il le nomme son cousin. Aussitôt que M. le Prince eut lu cette lettre, il l’envoya à Son Altesse Royale qui témoigna grande joie de cette nouvelle. […]
Outre la lettre que M. le Prince a reçue du roi d’Espagne touchant la liberté de M. de Guise, il en a reçu une autre du même roi par laquelle il lui remet entre les mains toute la conduite de la paix ou de la guerre pour en faire tout ce qu’il jugera à propos, et le fait le chef et maître absolu de toutes ses troupes en Flandres, auxquelles il a envoyé ordre de lui obéir aveuglément. »
- Henri ii de Lorraine.
- V. note [2], lettre 702.
La Rochefoucauld (Mémoires, page 293) :
« Les Espagnols se vengeaient, par une rude et longue prison, de l’entreprise que le duc de Guise avait faite sur le royaume de Naples et se montraient depuis longtemps inexorables à toutes les instances qu’on leur faisait pour sa liberté ; ils l’accordèrent facilement néanmoins à M. le Prince et renoncèrent en cette occasion à l’une de leurs principales maximes pour le lier encore plus étroitement à leur parti par une déférence qui leur est si peu ordinaire. Le duc de Guise se vit donc en liberté lorsqu’il l’espérait le moins, et il sortit de prison engagé par reconnaissance et par sa parole dans les intérêts de M. le Prince. Il le vint trouver à Paris, et croyant peut-être avoir satisfait à ses obligations par quelques compliments et par quelques visites, il s’en alla bientôt après au-devant de la cour pour offrir au roi ce qu’il devait à M. le Prince. »
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