« là où il est question des trois Imposteurs [v. note [23], lettre 449], page 326. » Guy Patin répondait ici à l’interrogation de Hugues ii de Salins sur Frédéric Barberousse (v. note [25], lettre 449). La page 326 de l’Historia maior de Matthieu Paris (Paris, 1644, v. note [2], lettre 59) est à la fin de la chronique pour l’année 1238, première colonne, paragraphe intitulé Fama Imperatoris Fredrici obfuscatur [La renommée de l’empereur Frédéric est flétrie] :
Eiusdemque temporis curriculo, fama Imperatoris Frederici admodum est obstructa et maculata, ab invidis inimicis et æmulis suis. Omponebatur enim ei, quod vacillans, aut etiam exorbitans, in fide catholica, dixerit quædam verba, ex quibus elici et suspicari potuit, non tantum fidei catholicæ in eo imbecillitas, quin imo, quod gravius et multo peius est, manifestæ et maximæ hæresis et dirissimæ blasphemiæ enormitas detestanda omnibus fidelibus, ac plane execranda. Fertur enim eundem Fredericum Imperatorem dixisse (licet non sit recitabile) tres præstigiatores callide et versute, ut dominarentur in mundo, totius populi sibi contemporanei universitatem seduxisse videlicet Moysen, Iesum, et Mahometum. Et de sacratissima eucharistia, quædam nefanda et incredibilia deliramenta et blasphemias, impie protulisse. Absit, absit, aliquem virum discretum, nedu hominem Christianum : in tam furibundam blasphemiam, os et linguam reserasse. Dictum etiam fuit ab æmulis suis, ipsum Fredericum Imperatorem plus consensisse et credidisse in legem Mahometi, quam Iesu Christi : etiam quasdam meretriculas Saracenas sibi fecisse concubinas. Surrepsitque murmur in populum (quod avertat Dominus a tanto Principe) Saracenis a multo tempore ipsum fuisse confœderatum, et amicum fuise plusquam Christianorum, et id indiciis multis probare conabantur obfuscare. Si peccabant, vel non, novit ipse qui nihil ignorat.
[À même époque, les rivaux haineux de l’empereur Frédéric souillèrent profondément sa réputation. De fait, alors que sa foi catholique vacillait, on l’accusa d’avoir tenu certains propos pouvant faire soupçonner qu’il se laissait aller non seulement à douter, mais, ce qui est plus grave et bien pis, à s’égarer dans la plus grande et manifeste hérésie, et dans le plus odieux blasphème, ce qui le rendait odieux et même absolument exécrable à tous les croyants. On racontait en effet que ledit empereur Frédéric avait dit (il est permis de cesser de lire) que trois imposteurs avaient habilement et finement dupé tous ses contemporains pour dominer l’Univers, savoir Moïse, Jésus et Mahomet ; et que de manière sacrilège, il avait proféré des blasphèmes et des extravagances abominables et inimaginables au sujet de la très sainte Eucharistie. Que s’abstienne, que s’abstienne donc tout homme sensé, à plus forte raison s’il est chrétien, de seulement prononcer le premier mot d’un si délirant outrage ! Ses ennemis disaient aussi que Frédéric accordait plus de foi et de crédit à la loi de Mahomet qu’à celle de Jésus, et même qu’il avait des prostituées sarrasines pour concubines. On murmurait aussi dans le peuple (ce dont Dieu veuille dissuader un si grand prince) que l’empereur s’était depuis longtemps allié aux Sarrasins et qu’il avait plus d’amitié pour eux que pour les chrétiens ; ce que ses rivaux entreprenaient de démontrer à l’aide de nombreux indices, en vue de salir sa réputation. Seul Celui qui n’ignore rien sait s’ils avaient ou non menti].
|