< L. 468.
> À Hugues II de Salins, le 9 mars 1657 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Hugues II de Salins, le 9 mars 1657
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Pour réponse à la vôtre datée du 3e de mars, je suis bien aise que vous ayez reçu votre livre qui abonde en belles choses. [1][2] Dans dix jours nos cardinales [3] seront achevées, [2] j’en ferai un petit paquet que je délivrerai à M. de La Mare, [4] qui est un fort honnête jeune homme et à qui vous et moi avons bien de l’obligation pour la peine qu’il prend de nos lettres. Cette goutte crampe [5] fit a spiritu flatulento in arteriis et vacuis musculorum atque membranarum spatiis incluso : tanti symptomatis causa duplex est, intemperies præfervida, et seri proventus. [3] Les mélancoliques [6] y sont plus sujets que les autres, il faut un petit < peu > les saigner quelquefois, et les purger [7] souvent avec séné [8] et sirop de roses pâles, [9] et faire frictions sur les parties malades avec linges chauds. Voyez Fernel [10] en sa Pathologie, liv. v, chap. 3, sur la fin. [4] Les humeurs à proprement parler ne se peuvent préparer que par la saignée : pauciorem victum, aquæ potum, et enemata frequentia, ut postea purgentur idoneo medicamento, in remissionem morbi, et omnium symptomatum. [5][11] Les apozèmes [12] des apothicaires ne servent qu’à faire des parties et de la dépense. Les vrais apozèmes sont les bouillons de veau et volaille cum herbis refrigerantibus, acetosa, lactuca, portulaca, cichorio, omphacio, [6][13][14][15][16][17] et l’eau froide, la tisane, [18] decoctam rad. taraxaci, cichorii, fragariæ. [7][19] C’est un pur abus en notre métier et une vraie illusion de croire que les anciens se soient servis de minoratifs [20] initio acutorum : [8] ils n’en avaient aucun, ils ne connaissaient ni casse, [21] ni séné, ni manne, [22] ni tamarins [23] qui sont les vrais minoratifs, desquels néanmoins nous n’osons nous servir qu’après le 7e < jour > ; et c’est le plus sûr de ne rien hasarder febre superstite, per quam non licet purgare, ne omnia turbentur. [9] On ne se sert point de pilules [24] à Paris, feu MM. Simon et Nicolas Piètre, [25][26] viri in arte nostra heroïci, [10] en ont ôté et aboli l’usage. La meilleure sorte ne vaut rien : c’est toujours de l’aloès, [27] auquel l’on ajoute le plus souvent de la scammonée, [28] de la coloquinte, [29] du turbith [30] et autres méchantes drogues qui sont ennemies des viscères du genre humain. [11] Si j’avais besoin de pilules, j’en ferais faire tout exprès, comme cela est quelquefois arrivé, et un quart d’heure après, je leur fais avaler un grand bouillon ; mais c’est un mauvais remède, défaites-vous-en, aloe propter nimiam siccitatem nimium incommodat ventriculo. Vide Scaligerum contra Cardanum, imo et ipsum Galenum. [12][31][32] Si Galien [33] s’en est servi, c’est qu’il n’en avait point de meilleur : ni casse, ni séné, ni rhubarbe, [34] ni sirop de roses pâles, ni de fleurs de pêcher [35] quæ sunt optima remedia. [13] Pour la vraie manne, nous ne l’avons pas : non datur in rerum natura, nec ullum reperitur in Calabria ; [14] ce que l’on appelle manne en France est medicamentum adulteratum ex melle, saccaro et scammonio permixto ; solum serum evacuat per colliquationem, est siticulosum medicamentum, ideoque pravum et pessimum. Abstine ab illo, et utere communissimis, ut pote quæ probavit usus. [15][36][37] Les cinquième et sixième livres de la Pathologie de Fernel sont les meilleurs livres du monde, ils valent mieux que tout ce qu’ont jamais écrit decoctores Monspeliaci. [16] Sa vie se trouve à une édition in‑fo de Francfort et à une in‑8o de là même, à l’in‑8o de Leyde [38] et à l’in‑4o d’Utrecht qui est récente ; mais il y a en ces deux dernières une grande faute, c’est qu’ils mettent qu’il est mort anno æt. 72 ; [17][39] ils se trompent de 20 ans, il ne faut mettre que 52, ut patet ex Epitaphio illi posito a genero, quod legitur in æde sacra B. Iacobi de Macello, ut et ex Commentariis nostræ Facultatis. [18][40][41] Sa Méthode générale est fort bonne, principalement les cinq premiers livres. Gul. Plantius [42] avait été amanuensis Fernelii, [19] il le fit être médecin de Paris et lui fit épouser sa nièce, laquelle s’appelait Marguerite de Fabis, [43] fille d’une des sœurs de Fernel, [44] laquelle était mariée à Pont-Sainte-Maxence près de Clermont-en-Beauvaisis [45] d’où Fernel était natif. J’ai vu l’an 1632 un vieux homme qui se disait fils de Plantius. Votre Matthaus Paris [46] est bon ibi agitur de tribus Impostoribus, pag. 326. [20][47][48] Plusieurs autres en ont parlé, entre autres M. Grotius [49] in‑foin Appendice ad Comment. de Antechristo, pag. 84, [21] et Lipsius in Consiliis et Monitis politicis, cap. 4, lib. i. [22] Votre Matthaus Paris vaut bien 10 livres. Depuis la mort de feu M. Riolan, M. Bouvard [50] a été fort malade ; il a 83 ans et a été saigné sept fois, et se porte mieux. Totam familiam saluto. Vale et me ama. Tuus ex animo, Guido Patin. [23] De Paris, ce vendredi 9e de mars 1657. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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