Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iv, note 4.
Note [4]

V. note [16], lettre 181, pour la corne de licorne et le discours qu’Ambroise Paré lui a consacré.

L’Ancien Testament contient cinq références à ce qui pourrait être une licorne, mais c’est un abus qui a été sujet de contestation parmi les exégètes. Le nom de l’animal, ךאם, re’ém [taureau sauvage, aurochs], en hébreu, a varié selon les traductions : buffle en français, mais la Septante (v. notule {b}, note [7], lettre 183) en a curieusement fait μονοκηρος, monokérôs [unicorne], en grec, et la Vulgate (v. note [6], lettre 183) l’a imitée avec rhinoceros [rhinocéros], en latin.

Le mot apparaît :

  • deux fois, à l’identique, dans les Nombres (23:22 et 24:8), « Dieu les fait sortir d’Égypte, sa vigueur est comme celle d’un buffle » ;

  • une fois dans Job (39:9), « Le buffle voudra-t-il te servir, ou bien passera-t-il la nuit dans son étable ? », domesticité qui ridiculise la traduction en rhinocéros ou en licorne ;

  • trois fois dans les Psaumes, (22:21), « Sauve-moi de la gueule du lion, tire-moi des cornes du buffle ! » ; (29:6), « Il les fait bondir comme un jeune taureau, le Liban et le Sirion comme le petit buffle » ; (92:10), « Tu élèves ma corne, comme celle d’un buffle, je suis arrosé avec une huile fraîche » ;

  • une fois dans Isaïe (34:7), « Avec eux tombent les buffles, et les bœufs avec les taureaux. Leur terre s’enivre de sang, et le sol est imprégné de graisse » ;

  • une fois dans le Deutéronome (33:17), « De son taureau premier-né il a la majesté ; ses cornes sont les cornes du buffle ; avec elles, il frappera tous les peuples jusqu’aux extrémités de la terre », mention que Guy Patin a omise.

Dans le chapitre 12, De Monocerote (colonne 843), livre vi de son Hierozoïcon [Bestiaire sacré] (Londres, 1663, v. note [14], lettre 585), Samuel Bochart a dénoncé l’erreur de la Septante en identifiant le monocéros au mystérieux asinus Indicus [âne d’Inde], qui uno armatus est cornu [qui est armé d’une seule corne], dont a parlé Pline (Histoire naturelle, livre xi, chapitre xlv) ; Littré Pli (volume 1, pages 447‑448) l’a considéré comme étant le rhinocéros. Bochart conclut de manière bienveillante, mais définitive :

Hæc afferenda putavimus in eorum gratiam qui reem volunt esse monocerotem, ut eos lector sciat habuisse saltem in speciem ; rationes non contemnendas quibus freti hanc sententiam amplecterentur. In quibus tamen nihil esse solidi suo loco docuimus.

[Nous avons cru bon de relater tout cela pour ne pas heurter ceux qui veulent que re’ém signifie monocéros, et pour que le lecteur sache au moins qu’il y a eu des gens pour le croire. Sans mépris pour ceux qui se sont rangés à cet avis, nous avons expliqué qu’il n’a aucun fondement solide].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iv, note 4.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8157&cln=4

(Consulté le 19/04/2024)

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