De Hermann Conring, le 14 mai 1666, note 4.
Note [4]

« ce sera plus que le troc de Diomède et Glaucos », Diomedis et Glauci permutatio est un adage qu’Érasme a longuement commenté (no 101) :

Quæ refertur apud Homerum Diomedis, et Glauci permutatio, in proverbium abijt, quoties inæqualem commutationem significamus, hoc est, deteriora pro melioribus reddita, χρυσεα χαλκειων, id est aurea pro æreis.

[Ce qu’Homère a appelé le troc de Diomède et Glaucos est passé en proverbe, quand nous voulons dénoncer une transaction inégale, c’est-à-dire échanger un bien de vil prix contre un autre qui vaut bien plus, comme du bronze pour de l’or].

Érasme poursuit en expliquant le passage de L’Iliade avant de citer les auteurs qui s’y sont référés : lors du siège de Troie, le fanfaron Glaucos, capitaine lydien, défie le vaillant Diomède (Tydidès, fils de Tydée, v. note [22], lettre 176), qui lui demande alors s’il est un homme ou un dieu ; Glaucos se lance dans une longue diatribe vantant ses ascendants ; Diomède choisit de le ridiculiser plutôt que le tuer, lui disant que leurs ancêtres respectifs avaient entretenu de cordiales relations ; sa ruse réussit et il convainc Glaucos de renoncer au duel en souvenir de l’amitié qui régnait entre leurs nobles aïeux.

Quibus dictis uterque ex equo desiliit datis dextris ac fide pacta, veluti fœdus quoddam hospitii sanxerunt permutatis armis, sed admodum inæqualibus.

Ενθ’ αυτε Γλαυκω, inquit Homerus, Κρονιδης φρενας εξελετο Ζευς,
Ος προς Τυδειδην Διομεδεα τευχε’ αμειβε,
Χρυσεα χαλκειων, εκατομβοι’ εννεαβοιων, id est
Jupiter hic stupidum spoliavit pectore Glaucum,
Qui cum Tydide mutarit protinus arma et
Aurea donarit sibi reddenti ærea, centum
Bubus emenda daret demens, pro vilibus atque
Quæ vix esse novem dicas redimenda juvencis
.

[À ces mots, chacun descend de cheval et ils se tendent la main droite en gage de confiance, comme si, en échangeant leurs armes, ils scellaient un pacte d’alliance, quoiqu’elles fussent de valeurs fort inégales ; comme dit Homère :

Dépouillant le stupide Glaucos de toute clairvoyance, Jupiter lui fait troquer sans hésiter ses armes en or pour celles du fils de Tydée qui sont en bronze. L’idiot cède la valeur de cent bœufs contre ce qui lui permettra à peine d’enchérir sur neuf méchantes génisses].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Hermann Conring, le 14 mai 1666, note 4.

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(Consulté le 23/04/2024)

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