Ramassée avec des linges qui n’avaient jamais servi au corps humain, la rosée de mai se distillait, infusait et cuisait longuement pour aboutir à un esprit qui avait, disait-on, des vertus merveilleuses.
Dictionnaire de Trévoux :
« Fr. Bacon de Verulam {a} (Hist. Nat. Cent. viii) croit qu’il faut ramasser cette rosée sur les montagnes. La meilleure est celle du mois de mai ou du commencement de juin. C’est apparemment de la préparation et si l’on peut ainsi parler, de la cuisson de cette rosée de mai que les frères de la Rose-Croix s’appelaient aussi frères de la Rosée cuite. » {b}
- V. note [21], lettre 352.
- Frères de la Rose-Croix (ibid.) :
« c’est le nom que prirent une compagnie de gens qui se sauva au commencement du dernier siècle {i} en Allemagne. Ils se juraient mutuellement un secret inviolable et promettaient de garder inviolablement les règles de leur corps. Ils se vantaient de savoir toutes les sciences, et principalement la médecine, dont ils prétendaient être les restaurateurs. Ils publiaient qu’ils avaient beaucoup de secrets importants, et entre autres celui de la pierre philosophale ; qu’ils l’avaient reçu par tradition des anciens philosophes, égyptiens, chaldéens, mages et gymnosophistes. {ii} Leur chef était, disaient-ils, un gentilhomme allemand qui fut élevé dans un monastère où il apprit le latin et le grec. En 1378, il alla à la Terre sainte ; étant tombé malade à Damas, il consulta les philosophes et les savants arabes, de qui il apprit cet art merveilleux. Étant de retour en Allemagne, il assembla des compagnons auxquels il communiqua les secrets qu’il apportait d’Orient, et mourut en 1484. C’est une secte d’empiriques. On leur a donné différents noms : parce qu’ils promettent de faire vivre jusqu’à 140 ans, on les nomme Immortels ; Illuminés, parce qu’ils se vantent de savoir tout ; et Invisibles, parce que depuis un certain temps ils se cachent. Cette fameuse cabale d’alchimistes s’appelait aussi de la Rosée cuite. »
- Au commencement du xviie s.
- V. notule {b}, note [14] des Décrets et assemblées de la Faculté de médecine de Paris (1650-1651).
Gabriel Naudé a décrit et dénigré les rose-croix à son époque dans son Instruction à la France sur la vérité de l’histoire des frères de la Rose-Croix (Paris, François Julliot, 1623, in‑4o de 248 pages).
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