Note [8] | |
Anne d’Autriche (Ana de Austria y Austria-Estiria, Valladolid 22 septembre 1601-Paris 20 janvier 1666), alors âgée de 36 ans, était la fille aînée de Marguerite d’Autriche, petite-fille de l’empereur Ferdinand ier, et de Philippe iii, roi d’Espagne. Elle avait épousé Louis xiii 22 ans auparavant, le 28 novembre 1615, à Bordeaux. Décidé par le traité de Fontainebleau (30 avril 1612), ce mariage, comme c’était souvent le cas, avait été impuissant à maintenir longtemps la paix entre les deux couronnes. Richelieu persuada Louis xiii que son épouse était entrée dans la conspiration de Chalais (v. note [16], lettre 13), et découvrit plus tard (1637) ses correspondances secrètes avec l’Espagne et avec les ennemis de l’État (affaire dite des Lettres espagnoles). Tant que vécut le puissant ministre, Anne fut considérée comme une étrangère suspecte, humiliée par le dédain, irritée par les soupçons légitimes dont elle était l’objet, jetée dans de nouvelles intrigues par la surveillance qui pesait sur elle et reléguée le plus souvent dans sa retraite du Val-de-Grâce. Elle ne se révéla qu’après la mort de Richelieu (décembre 1642), rapidement suivie de celle de Louis xiii (mai 1643). Commença alors pour elle la longue période de régence, dont la suite des lettres de Guy Patin a abondamment parlé. En mars 1638, Anne d’Autriche en était à trois mois d’une grossesse qui venait, semble-t-il, après de nombreuses fausses couches qui avaient désolé la cour et la France. Cette fois fut la bonne : Louis-Dieudonné, le futur Louis xiv, allait naître à Saint-Germain le 5 septembre. Refusant d’admettre de tels caprices de la fécondité (qui n’ont pourtant rien d’extraordinaire), une autre explication invoque une assiduité fort défectueuse de Louis xiii. Bien que difficile à tenir pour véritable, tant l’obsession de perpétuer la lignée faisait partie des tout premiers devoirs royaux, en voici la version (« la nuit du Louvre ») qu’on a le plus souvent colportée (Montglat, Mémoires, page 61) : le dimanche 6 décembre 1637, Louis xiii était venu de Versailles à Paris pour rencontrer sa platonique favorite, Louise de La Fayette, au couvent de la Visitation ; une pluie diluvienne l’avait empêché de retourner ensuite dormir à Saint-Maur, où il séjournait alors ; son appartement du Louvre n’étant pas meublé, Guitaut, capitaine des gardes (v. note [22], lettre 223), suggéra au roi d’y aller demander l’hospitalité à son épouse ; la reine l’accueillit avec plaisir, dîna avec lui en tête à tête, puis dans l’impossibilité matérielle de faire chambre à part, ils avaient passé la nuit ensemble. Deux mois après, la nouvelle de la grossesse de la reine se répandait dans tout le royaume. Chacun, comme Guy Patin, pouvait souhaiter la ruine des espérances de Gaston d’Orléans sur le trône de France, et le retour à la paix intérieure et même étrangère, puisque Monsieur ne cessait de tramer des intrigues avec les Habsbourg (R. et S. Pillorget, pages 300-301).
Bertière c (pages 353-354) :
Nicolas Goulas (Mémoires, tome i, page 326, note 1) :
|
Imprimer cette note |
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Claude II Belin, le 10 mars 1638, note 8.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0038&cln=8 (Consulté le 25/09/2023) |