À Charles Spon, le 15 octobre 1654, note 8.
Note [8]

Voici ce que Guy Patin avait sans doute lu dans la Gazette (ordinaire no 130 du 10e octobre 1654, pages 1077‑1078) :

« De Varsovie, le 10 septembre 1654. Le prince Razevil, {a} grand général de Lituanie, poursuivant la victoire qu’il avait naguère remportée sur les Moscovites, rencontra le 21e du mois passé leur armée, à laquelle il ne marchanda point de livrer combat, croyant que ce fût la même qu’il avait battue le 12e du même mois durant l’éclipse ; mais les ennemis, qui avaient été renforcés d’un de leurs grands corps, aussitôt que le choc fut commencé, entourèrent de tous côtés notre armée qui, après avoir combattu jusqu’aux dernières extrémités, fut contrainte de céder au grand nombre ; de sorte que six mille des nôtres y demeurèrent, mais beaucoup davantage des ennemis, lesquels perdirent en cette occasion la plupart des étrangers qui ont toujours fait la meilleure partie de leur armée, et la nuit étant survenue donna moyen de se sauver au reste de nos troupes qui se rassemblent aux environs de Minsko {b} où notre général s’était retiré. Le sieur Gouciewsky, général de campagne, est à Vilna {c} où il assemble pareillement les nouvelles levées qui, avec la noblesse et le secours qu’on y envoie, feront bientôt un corps capable de résister aux ennemis. Cependant, les armées du prince Ragotzky {d} et des hospodars {e} de Moldavie et de Valachie s’étant jointes sur les frontières de Podolie, {f} sont à présent occupées à l’attaque de la forteresse de Chechrin, où il y a une garnison de cosaques ; après la reddition de laquelle place, ils ont résolu de poursuivre leur marche vers la Lituanie pour le secours de Smolensko {g} qui se défend toujours avec une valeur extrême. Le bruit est aussi que les Tartares commencent à faire des irruptions dans la Moscovie ; ce que l’on ne croit pas facilement, vu qu’on nous écrit de Crim que les principaux d’entre ces peuples sont en grande division, les uns voulant renouer l’alliance avec Kmielnisky, {h} et les autres étant résolus d’observer le traité avec cette Couronne et de tirer vengeance de ceux qui ont eu part à l’empoisonnement de leur défunt Kam. On nous écrit de Constantinople que le roi de Perse a mis en campagne une armée de cinq cent mille hommes pour s’emparer de Cassan et d’Astrakhan. »


  1. Janus Radziwill, v. note [11], lettre 413.

  2. Aujourd’hui Minsk en Biélorussie.

  3. Vilnus, capitale de Lituanie.

  4. V. note [20], lettre 472.

  5. Seigneurs.

  6. Sud-ouest de l’Ukraine.

  7. Smolensk, Russie.

  8. Bohdan Khmelnytsky, meneur de la révolte cosaque

Astrakhan était le nom d’une ville et d’un royaume situés sur l’embouchure de la Volga dans la mer Caspienne (v. note [24], lettre 197) ; les Russes les avaient annexés en 1554.

Abbas ii, shah de Perse, régna de 1642 à 1666. Il reconquit le Candahar sur les Mogols et accueillit à sa cour les voyageurs Tavernier et Chardin qui nous ont transmis de curieux détails sur sa personne, ses cruautés, ses débauches et les mœurs de la Perse à cette époque (G.D.U. xixe s.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 15 octobre 1654, note 8.

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(Consulté le 26/04/2024)

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