Né à Honfleur 21 avril 1831, Besnier mourut à Paris le 15 mai 1909. Externe des Hôpitaux de Paris en 1852, IHP en 1853, docteur en médecine en 1857, Besnier fut nommé médecin des Hôpitaux de Paris le 12 juin 1863 (1er de sa promotion), successivement affecté à Sainte-Périne (1867) à Saint-Antoine en 1869, à la Maison municipale de Santé et à Saint-Louis le 1er janvier 1873, succédant à Bazin.
Arrivant à Saint-Louis, Besnier n’avait jusque-là jamais fréquenté régulièrement les services de l’Hôpital où il devait s’illustrer ; il savait de la dermatologie ce que lui avait appris la lecture des livres de Bazin il se jugea cependant insuffisamment préparé à s’orienter seul dans le diagnostic et le traitement de toutes les maladies qu’il observait. Ainsi les premiers mois qui suivirent son entrée en fonctions, avait-il coutume, sitôt faite la visite de ses salles de se rendre dans le service de son collègue Lailler qui le faisait profiter de sa grande habileté diagnostique et de sa profonde science thérapeutique. Ce ne devait pas être un spectacle banal de voir deux collègues aussi étroitement unis, l’un devenant un simple auditeur, l’autre remplissant avec un tact parfait le rôle d’éducateur » (Thibierge).
Au lendemain de la guerre de 1870, l’enseignement de la médecine fut l’objet de réformes visant notamment à mieux enseigner les spécialités. Des cours de clinique annexes furent ainsi institués le 20 aout 1877 ; les médecins et chirurgiens des hôpitaux non agrégés de la Faculté étaient autorisés à y participer. Besnier fut nommé par le Ministre de l’enseignement, chargé de cours de clinique des maladies de la peau. Cette nomination suscita la réprobation du conseil de la Faculté qui s’estima attaqué dans ses prérogatives. Des réactions hostiles contraignirent Besnier à démissionner.
Attentif à l’évolution de la dermatologie hors des frontières et notamment de la dermatologie de langue allemande, Besnier assura avec Doyon la traduction de l’ouvrage de Kaposi dont les nombreuses annotations constituent à elles seules un véritable ouvrage à l’intérieur de celui de Kaposi. Il fut ainsi l’un des rares dermatologues français à attirer l’attention sur la prééminence de l’école de Vienne et sur la nécessité de réformer l’enseignement de la dermatologie en France en publiant en préface de la traduction de l’ouvrage de Kaposi un constat amer sur la position internationale déclinante de l’école française de dermatologie. Besnier créa en 1879 le terme biopsie et décrivit en 1889 le lupus pernio première étape de la description de la sarcoidose, maladie de Besnier-Boeck-Schaumman.
Sabouraud, Interne de Besnier en 1892 décrivit son Maître comme « une intelligence claire, précise, documentée, une parole facile et limpide, un esprit méthodique sachant disséquer une question et mettre de l’ordre dans les problèmes qu’elle posait ». Attentif aux découvertes bactériologiques, Besnier fut le premier à installer à Saint-Louis un laboratoire de bactériologie et de mycologie dans lequel Sabouraud fit ses premiers travaux sur les cultures de dermatophytes.
Besnier fut vice président de la Société médicale d’observation en 1858, Vice président de la Société anatomique en 1861, secrétaire général de la société médicale des hôpitaux en 1864, élu le 29 mars 1881 membre de l’académie de Médecine, président du congrès international de dermatologie et de syphiligraphie de Paris en 1900, Président de la Société française de dermatologie de 1893 à 1902. Besnier fut avec Brocq et Jacquet le directeur de « La Pratique dermatologique » premier ouvrage collectif de l’école française de dermatologie, publié en 1900.
Besnier fut en 1888 à l’origine des réunions rassemblant chaque jeudi les chefs de service de Saint-Louis ; elles précédèrent les réunions officielles de la Société Française de Dermatologie fondée en 1889. Besnier quitta l’Hôpital Saint-Louis en 1896 ; son nom fut donné en 1909 à une des salles du pavillon Bazin.
Principaux ouvrages : La Pratique dermatologique publiée sous la direction de E. Besnier, L. Brocq, L. Jacquet, Paris, Masson 1900-1902 (4vol.) ; traduction et annotations de Kaposi M., Leçons sur les maladies de la peau, Paris, Masson, 1881. (2 vol.).
Retour