Les prochaines journées annuelles de la Société d'histoire et d'épistémologie des sciences de la vie (SHESVIE) se tiendront à Amiens le mardi 3 et le mercredi 4 avril 2012.Ces journées sont
organisées avec le soutien du Centre d'Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits de l'Université de Picardie Jules Verne (Céline Chérici, Jean-Claude Dupont). Elles se dérouleront à
l'Université de Picardie Jules Verne au sein du Logis du Roy, Passage du Roy, à Amiens.
- La journée du mardi 3 avril sera consacrée à un colloque dont le thème est le suivant : « L’exploration cérébrale : Histoire récente et nouveaux outils ».
- La journée du mercredi 4 avril sera consacrée au congrès annuel de la SHESVIE.
Le congrès sera suivi d’une assemblée générale de la société et d’un conseil d’administration.
Logis du Roy - 9 Passage du Logis du Roy
- Université de Picardie, Amiens
Argumentaire
L’évolution des techniques de ces dernières années a considérablement changé la pratique de l’exploration cérébrale. Elle repose désormais sur des principes variés comme l’enregistrement des
variations de courant électrique résultant de celles de potentiels de membranes des neurones et de la glie sur le scalp (EEG), la mesure de la densité d’électrons atténuant plus ou moins les rayons X
traversant les structures (tomodensitométrie), la détection d’un rayonnement électromagnétique ionisant émis par un atome radioactif (PET), la détection des modifications d’un champ magnétique
oscillant créées par certains noyaux d’atomes d’une structure biologique ayant été préalablement polarisés par un champ magnétique (IRM). Leurs performances sont renforcées par de nouveaux outils
informatiques de visualisation et de navigation en trois dimensions et par l’hybridation des techniques. L’image médicale est le produit d’une histoire riche et complexe, d’une rencontre de
disciplines et de savoir-faire variés.
L’objet du colloque est d’évoquer quelques épisodes de l’histoire fascinante de ces nouveaux outils et de leur développement récents dans les domaines de la clinique et de la recherche fondamentale.
Jean Bernard considérait qu’une telle histoire engloberait les dessins des grands anatomistes, les premiers daguerréotypes, les premières applications cliniques de rayons X, pour aboutir aux
techniques les plus sophistiquées. Concernant plus spécialement l’extrémité céphalique, comment la médecine a-t-elle construit et s’est-elle historiquement constituée autour de tracés et d’images
radiologiques, tomographiques, vers la genèse d’images tridimensionnelles ou quadridimensionnelles ? Comment à partir des premiers développements de la radiologie furent élaborées les images dans le
laboratoire de recherche, le laboratoire hospitalier ? Comment furent-elles utilisées dans le champ médical et chirurgical ?
Quelques-uns des débats générés par ces nouveaux outils pourront alors être ouverts. L’imagerie génère ainsi en médecine un questionnement spécifique par les nouvelles pratiques qu’elle induit : Y
a-t-il genèse de procédures de moins en moins invasives et de plus en plus efficaces, réduction des délais diagnostiques, thérapeutiques et d’hospitalisation, ou bien au contraire dévalorisation et
appauvrissement de la clinique, dilution de la responsabilité médicale, disparition de l’écoute du malade au profit de la technicité ? Par ailleurs, d’un point de vue épistémologique, l’imagerie
cérébrale, en s’inscrivant dans la dimension anthropologique de la science du « voir », ne semble de prime abord que l’avatar ultime de l’expérimentalisme moderne. Émerge cependant avec elle un style
expérimental et clinique singulier, rompant avec les stratégies antérieures d’exploration (stimulation électrique, ablation, pharmacologie). Enfin, outre la transformation des pratiques médicales et
du regard clinique qu’elle opère, l’imagerie cérébrale parait plus ou moins implicitement liée en recherche fondamentale à un positionnement de nature philosophique, lorsqu’au-delà de l’étude des
structures anatomiques du cerveau, elle prétend cartographier son activité fonctionnelle, être un tremplin pour les sciences cognitives en visualisant les processus sous-tendant l’activité mentale, et
investir la psychiatrie grâce à de nouvelles corrélations anatomopathologiques.
Les techniques d’exploration cérébrale inscrivent ainsi des ruptures et des continuités historiques et représentent différents enjeux qu’on espère dégager. La journée, associant historiens des
sciences, scientifiques et médecins, se veut un retour sur un chapitre important de l’histoire de la biophysique, du génie médical et de l’instrumentation en même temps qu’elle cherchera à cerner les
questions épistémologiques et évaluer les conséquences variées de la prégnance de ces techniques d’exploration dans la médecine contemporaine.
Programme
10h00-10h30
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Jean-Claude DUPONT
(Université Jules Verne de Picardie)
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Images nouvelles de la matière cérébrale : repères historiques et questions épistémologiques
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10h30-11h00
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Gihane Ait El AOUAD
(Université de Paris 7) Jean-Géël BARBARA
(CNRS) |
Développements de méthodes permettant d’imager le cerveau humain vivant et en action à la fin du XXe siècle
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11h30-12h00
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Véronique QUAGLINO
(Université Jules Verne de Picardie)
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Mémoire et imagerie en neuropsychologie
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12h00-12h30
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Harold MOURAS
(Université Jules Verne de Picardie)
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Progrès récents dans la recherche sur le cerveau social
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12h30-14h00
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Pause
repas |
14h00-14h30
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Karine LE JEUNE
(Université de Nantes) |
L'épilepsie et la naissance de l'EEG
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14h30-15h00
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Céline CHERICI
(Université Jules Verne de Picardie)
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Le réductionnisme en électroencéphalographie : Une meilleure appréhension des troubles neurologiques
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15h00-15h30
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Henrique SEQUEIRA
(Université de Lille 1) |
Magnétoencéphalographie et dynamique cérébrale
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16h00
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Conférence Plénière Bernard DEVAUCHELLE (Université de Picardie Jules Verne)
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De la face au visage : Histoire d’une pensée chirurgicale de la troisième dimension
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