À Charles Spon, le 20 mars 1649
Note [53]
« sur la colique du Poitou » (v. note [2], lettre 347, pour le sens du mot colique au xviie s.) ; la colique du Poitou était une « variété de colique végétale […], maladie qui a régné épidémiquement à Madrid (colique de Madrid), et qui a paru occasionnée par l’usage des fruits acerbes, des vins nouveaux ou sophistiqués, etc. Les symptômes sont les mêmes que dans la colique métallique [colique de plomb, ou saturnine], si ce n’est que le ventre, au lieu d’être rétracté, est très distendu » (Nysten, 1824).
Le passage de Claude Saumaise sur ce sujet se trouve dans ses De Annis climactericis… [Les Années climatériques…] (Leyde, 1648, v. note [27], lettre 146), pages 730‑731) :Morbus igitur et sanitas præcipue a victu pendent. Inde Climacteres et morbi Climacterici. Inde brevior longiorque vitæ meta, non a stellis, nec a stellarum conspectibus et απορροιαις. Vidi ipse cum ignorarent Parisienses Medici qualis esset morbus, qui Pictavicæ Colicæ nome habet. Intra illam provinciam antea continebatur et aliquot vicinas, ut Aremoricam. Nam et Colica etiam Brittonica dicitur. Primus ipse eo laborare cum cœpissem Lutetiæ, et novem medici me interviserent, nullus ex his potuit causam morbi quo ægrotarem ex sumptomatis conjectari, neque nomen ipsius dicere. Unus tandem post omnes ab amico ad me adductus est, Pictaviensis cardinalis Richellii Medicus Citesius, qui statim ubi me vidit, Colicam Pictavicam esse pronuntiavit, et me ita curavit ut paucas intra septimanas sanitati pristinæ restituerit, incurabilem aliis futurum. Eam bilis facit e vasis χοληδοχοις effusa inter intestina, et dolores interabiles creans. Ille annus mihi fuit ob hunc morbum Climactericus, qui et Anæreticus fuisset, nisi Medicum illum mihi Deus ostendisset. Ab eo tempore plures vexavit in eadem urbe.
[Maladie et santé dépendent donc de la manière de s’alimenter : de là, et non pas des étoiles ni de leurs apparitions et de leurs influences, proviennent les années et les maladies climatériques ; de là, la durée plus brève ou plus longue de la vie. Je l’ai moi-même constaté alors que les médecins de Paris ignoraient ce qu’était la maladie qui porte le nom de colique du Poitou. Elle sévissait avant cela dans cette province et dans certains de ses alentours comme la Bretagne, car on l’appelle aussi colique bretonne. J’en fus atteint quand je vins à Paris pour la première fois. Neuf médecins me visitèrent, et aucun d’entre eux ne put conjecturer d’après les symptômes la cause de mon mal, ni en dire le nom. Tous divergeaient en leurs diagnostics. Enfin, après eux tous, un autre me fut amené par un ami ; c’était Citois, {a} médecin du cardinal de Richelieu, originaire du Poitou, qui, aussitôt qu’il me vit, déclara qu’il s’agissait d’une colique poitevine et m’en guérit, au point que, en peu de semaines, il me remit en mon état premier de bonne santé, tandis que j’avais été jugé incurable par les autres. La bile épanchée des vaisseaux cholédoques {b} dans l’intestin en est responsable, provoquant des douleurs insupportables. Cette année-là fut pour moi climatérique en raison de cette maladie, et elle aurait même été anérétique, {c} si Dieu ne m’avait mis en présence de ce médecin. Depuis lors, elle en a attaqué plus d’un dans cette même ville].
- François Citois.
- Canaux biliaires (v. note [16], lettre 391).
- En astrologie, Anérète était la planète qui donnait la mort, opposée à Aphète, qui donnait la vie.