À Charles Spon, le 20 mars 1649
Note [64]
Achevé au début du xviie s. le Pont-Neuf (aujourd’hui le plus vieux de Paris) enjambe les deux bras de la Seine là où ils se réunissent, à la pointe ouest de l’île de la Cité. Lieu de passage extrêmement fréquenté, les marchands ambulants y déployaient leurs étalages (notamment les bouquinistes vendeurs de libelles séditieux, v. note [5], lettre 197), et les tréteaux des arracheurs de dents (v. note [1] du Voyage de Théophraste Renaudot, Gazetier, à la cour), vendeurs de thériaque (v. note [9], lettre 5) et autres bateleurs y attiraient la foule.
Le pont ne portait pas de maisons, sa seule construction pérenne était la statue équestre du roi Henri iv, surnommée le « cheval de bronze ». Sa deuxième arche jouxtant la rive droite abritait une machine capable d’élever l’eau de la Seine pour arroser le jardin des Tuileries. Construite par l’ingénieur flamand Lintlaer, la pompe était logée dans un bâtiment orné d’un groupe représentant Jésus près du puits de Jacob et la Samaritaine lui offrant à boire : d’où vint l’habitude prise par les Parisiens de l’appeler la Samaritaine (R. et S. Pillorget).
Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, pages 139‑140, janvier 1649) :
« Dimanche 31, bruit que dans la pompe de la Samaritaine, au Pont-Neuf, on a découvert de l’argent et posé garde […].
L’argent qui avait été indiqué en la Samaritaine du Pont-Neuf se trouva être de quinze mille livres seulement, au petit Jacquelin, mineur, et n’y en a point d’autre. »
Le maître de la pompe et sa femme furent conduits à la Bastille sous le chef d’avoir aidé plusieurs personnes à sortir de Paris pendant la nuit. Ils auraient aussi fait sortir de la vaisselle de la capitale (Jestaz).