À Charles Spon, le 17 juillet 1657

Note [46]

Ce sont les deux derniers vers d’une épigramme contre les capucins (franciscains cordeliers), dont l’auteur est inconnu (et n’est pas George Buchanan). Je ne les ai lus ailleurs que dans la triade 64e des Triades du Borboniana manuscrit (v. note [35]) et dans un recueil (ana) anglais de curiosités ecclésiastiques intitulé Lambeth and the Vatican : or Anecdotes of the Church of Rome, of the reformed Churches, and of sects and sectaries [Lambeth {a} et le Vatican, ou les Anecdotes de l’Église de Rome, des Églises réformées, et des sectes et des sectaires] (Londres, John Knight et Henry Lacey, 1825, in‑8o, volume ii, page 152), avec cette explication :

The capuchins were founded in 1540 by Godefridus Veraglius, who, singular to relate, afterwards abjured popery and was burned alive at Turin in 1557. A writer of the seventeenth century complains that the title of mendicant friars, as applied to this body, was a sad misnomer, and states most charitably that their deserts in this life and their destiny after death are truly expressed in the following epigram :

En tunicam fluxam nodosa cannabe cingit,
Cum melius fauces stringeret illa suas.
Cordula nodosa, pes nudus, capa dolosa,
Hæc tria nudipedes ducunt ad Tartara fratres.

[Les capucins ont été fondés en 1540 par Godefridus Veraglius qui – fait suffisamment singulier pour être rapporté – renia plus tard la papauté et fut brûlé vif à Turin en 1557. {b} Un écrivain du xviie s. déplore que le titre de frères mendiants qu’on donne à cet ordre soit une triste usurpation ; et il ajoute fort charitablement que leurs déserts ici bas et leur sort après la mort sont véritablement dépeints dans cette épigramme :

Voilà qu’il a ceint son froc débraillé d’une corde de chanvre,
quand il ferait mieux de s’en serrer la gorge.
Corde à nœuds, pieds nus, fourbe capuchon, 
{c}
ce sont les trois choses qui mènent les frères va-nu-pieds en enfer
].


  1. Résidence de l’archevêque de Cantorbéry, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre.

  2. Cette assertion est gratuite, car le Dictionnaire de Trévoux (confirmé par les autres sources que j’ai consultées) donne un tout autre historique de l’Ordre monastique des capucins :

    « C’est une réforme de l’Ordre des mineurs, dits communément cordeliers. Elle fut faite au xvie s. par Matthieu Baschi, {i} religieux observantin du couvent de Montefalconi, {ii} qui, averti plusieurs fois d’une manière miraculeuse de pratiquer la règle de saint François à la lettre, et une pauvreté plus étroite, alla en 1525 à Rome ; c’était l’année du jubilé. Clément vii l’y reçut bien, lui donna la permission de se retirer dans des solitudes, et non seulement à lui, mais à tous ceux qui voudraient embrasser l’étroite observance. Quelques-uns l’embrassèrent en effet. En 1528. ils obtinrent du pape une bulle : ils s’établirent d’abord à Camerino, où le duc, et surtout la duchesse Catherine Cibo, les favorisaient ; {iii} et c’est cette année 1528 qu’ils regardent comme la première de leur Ordre. Louis de Fossombrone, qui s’était joint à Matthieu, fut celui qui contribua le plus à la réforme ; il fallut le chasser ensuite à cause de son ambition. {iv} En 1529, l’Ordre prit une forme parfaite : Matthieu fut élu général, et le chapitre fit des constitutions. En 1536, Paul iii {v} confirma cette congrégation nouvelle, et tous les priviléges des capucins, par une bulle du 25e d’août. »

    1. Matteo de Baschio (1495-1552).

    2. Sic pour Montefiorentino, dans les Marches.

    3. Camerino était un petit duché des États pontificaux. Marié à Caterina Cybo, le duc Giovanni Maria Da Varano y régna de 1515 à 1527.

    4. Ludovico da Fossombrone (vers 1490-vers 1560) mourut de sa belle mort et ne peut être confondu avec le très improbable Godefridus Veraglius.
    5. V. note [45] du Naudæana 3.
  3. Guy Patin a remplacé capa dolosa [fourbe capuchon] par lingua dolosa [langue fourbe].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 juillet 1657, note 46.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0487&cln=46

(Consulté le 26/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.