Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3

Note [39]

Les deux historiens cités par Gabriel Naudé ont abondamment détaillé les extravagances de Marie Stuart et de Bothwell. Je me suis ici limité aux descriptions les plus parlantes de celui que Naudé qualifiait de subactor de la reine (v. supra note [38]).

Nonobstant ces accablantes turpitudes, il n’a pas manqué de dévots catholiques pour vanter la sainteté de Marie Stuart, comme en témoigne l’éloge de Richard Verstegen (historien et polémiste anglais au service des Espagnols, Londres 1550-Anvers 1640), dans son Théâtre des cruautés des hérétiques de notre temps. Traduit du latin en français (Anvers, Adrien Hubert, 1588, in‑4o, page 84) :

« Marie, sérénissime reine d’Écosse et légitime héritière de la couronne d’Angleterre, douairière de France par le décès de François, second du nom, roi très-chrétien des Français, de mémoire louable, duquel elle fut épouse, fille de Jacques cinquième et mère de Jacques sixième, à présent régnant roi d’Écosse, extraite par sa mère de la très illustre Maison de Lorraine, molestée par les hérétiques en son royaume, lesquels n’épargnent leurs princes naturels, qu’ils ne leur fassent sentir combien est barbare l’hérésie, laquelle dépouille ceux qui en sont infectés d’humanité ; se retira en Angleterre à la semonce de la reine Élisabeth, avec promesses jurées, ratifiées par signals {a} de paix et amitié perpétuelles. Car nonobstant toutes telles promesses faites avec serment, sitôt qu’elle eut le pied en Angleterre, elle fut mise en arrêt et menée prisonnière ; où, contre tout droit divin et humain, vu qu’elle n’était prise par guerre, et que les égaux et pareils n’ont aucune juridiction l’un sur l’autre, elle fut détenue par l’espace de vingt ans prisonnière, plusieurs fois changée de lieu, pour l’incommoder. Finalement, demeurant constante en la foi et religion de notre Seigneur Jésus-Christ et de son Église catholique, elle fut, contre la foi jurée et contre le droit des gens, décapitée au château de Foderingham, {b} par le commandement de cette inhumaine meurtrière des saints, l’an 1587, le 18e de février. Cette bonne princesse était douée de grands dons du ciel, et au corps et en l’âme, et n’y avait personne tant destituée d’humanité qui, la voyant, ne l’admirât, et n’en eût pitié et compassion. Mais cette cruelle meurtrière ne la voulut onc {c} voir, de peur qu’étant émue de l’excellence de cette princesse, elle ne pût humecter de ce sang innocent et royal son estomac et ses poumons perpétuellement altérés des fidèles membres et serviteurs de notre Seigneur Jésus-Christ. La constance et fidélité de cette reine, martyre du fils de Dieu, l’ont rendue très recommandable au ciel et en la terre. » {d}


  1. Témoignages.

  2. Château de Fotheringhay (Northamptonshire), rasé au xviie s.

  3. Jamais.

  4. En 1887, tricentenaire de la mort de Marie Stuart, d’aveugles catholiques réclamèrent vainement l’ouverture de son procès en canonisation.

Le roi Jacques blâma fort Buchanan et de Thou pour leurs relations croisées des infortunes de sa mère : v. notes [13] et [14] du Borboniana 2 manuscrit.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 39.

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(Consulté le 27/04/2024)

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