Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-5
Note [55]
Cet article abrège l’addition qu’Antoine Teissier a faite sur Denis Lambin {a} dans ses Éloges des hommes savants, tirés de l’Histoire de M. de Thou, {b} tome premier, pages 404‑405.
And. Schotti S.I. Observationum humanarum Lib. v…Cinq livres des doctes Observations d’And. Schottus, de la Compagnie de Jésus…]. {f}
La remarque de Schott porte sur un distique d’Andreas Papius, {g} pages 397 :
Sæpius in libro placeat mihi Langius uno,
Lambinus toto quam Cicerone suo.Et vero Lambinus, cætera doctissimus, quoties solenne illud suum in Ciceronianis Notis ingeminat : Invitis, ac repugnantibus libris omnibus (ignoscant Manes illius, quos non sollicito) contingit fere labi, errare, ac decipi.
[Langius m’a plus enchanté en un seul livre
que n’a fait Lambin avec son Cicéron tout entier. {h}Il est vrai que, dans ses notes sur Cicéron, Lambin a pour habitude de ressasser sans cesse : en dépit et à l’encontre de tous les livres ; {i} mais (puissent ses mânes me pardonner de les troubler ainsi) il lui arrive très souvent de trébucher, de se tromper et d’être trompé].
- V. note [13], lettre 407.
- Genève, 1683, v. supra note [11].
- Andreas Schottus (André Schott, v. note [34] du Patiniana I‑4).
- Le philologue et chanoine Carolus Langius (Charles de Langhe, Gand 1540-1573).
- V. note [9], lettre 117.
- Hanau, héritiers de Johannes Aubrius, 1615, in‑4o de 468 pages.
- Le philologue et musicien André de Pape (Gand 1552-Sedan 1581).
- Les méticuleuses et interminables scolies de Lambin (mort en 1572) seraient à l’origine du verbe « lambiner » : « D’après Mercier, Lambin, célèbre commentateur de Lucrèce, de Cicéron, de Plaute, etc., ennuya même les savants par le soin minutieux qu’il a constamment de rapporter avec la plus scrupuleuse exactitude les diverses leçons des auteurs qu’il commente » (Littré DLF).
Je préfère prendre les devants sur le critique taquin qui voudra détourner le distique de Papius :
« Le Faux Patiniana m’a plus enchanté en un seul livre
que n’a fait Capron avec son Patin tout entier. »- Dans ses interminables gloses sur les textes antiques, Lambin prenait un malin plaisir à éreinter toutes les éditions qui avaient précédé les siennes : à ce que j’y ai vu, son refrain préféré était omnibus libris vulgatis [par tous les livres qui ont été publiés]. V. notule {a} infra pour une illustration de la locution complète.
[Livre d’Æmilius Probus {b} ou de Cornelius Nepos {c} sur la Vie des plus éminents empereurs. Denis Lambin, natif de Montreuil, professeur royal de lettres grecques à Paris, l’a corrigé en de très nombreux endroits, et expliqué par des commentaires très complets et utiles. Première édition]. {d}
- L’expression complète que Schott reprochait à Lambin se lit, par exemple, à la page 422 (entre les repères C et D) de cette édition, sur le vers 266 de l’Epidicus de Plaute Immo si placebit, utiminor [Et même, si ça vous fait plaisir, servez-vous-en] :
sic legendum libris omnibus reclamantibus, atque invitis. utiminor autem est secundæ personæ imperativi modi, futuri temporis, verbi utor. Nam utitor ferri non potest. [voilà bien ce qu’il faut lire, en dépit et à l’encontre de tous les livres : utiminor est la deuxième personne du verbe utor au mode impératif futur, utitor ne peut être ici toléré].- Douteux historien romain du ier s. de notre ère.
- V. note [1], lettre 815.
- Paris, Petrus L’Huillier, 1569, in‑4o de 700 pages