L. 882.  >
À André Falconet,
le 19 octobre 1666

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 19 octobre 1666

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0882

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je suis fort en peine de votre santé, n’en apprenant rien de certain, ni par vous, ni par les vôtres ; au moins, donnez-m’en quelque assurance par monsieur votre fils. Six lignes me suffiront, mais plutôt six mots, tels ceux de Cicéron, [2] Si vales, bene est, ego quidem valeo[1] Je suis inquiet de votre santé. La perte d’un vieux ami est irréparable, il n’en est pas de même de l’argent, il en peut venir tous les jours. Le soleil s’en va et revient, mais l’ami ne revient point. On commence ici à exécuter la police préméditée sur les revendeuses, receleuses, ravaudeuses et savetiers qui occupent des lieux qui incommodent le passage public. On veut voir les rues de Paris fort nettes, le roi [3] a dit qu’il veut faire de Paris ce qu’Auguste [4] fit de Rome, Latericiam reperi, marmoream relinquo[2][5] On viendra ensuite aux bouchers, boulangers, cabaretiers et autres. [6] Après la Saint-Martin, on publiera au Parlement l’abréviation des procès, dont se sentiront les greffiers, les procureurs, les avocats et même les conseillers, mais surtout ceux de la Grand’Chambre. On s’en va aussi donner ordre pour les voleurs de nuit, en quoi on imitera, à ce qu’on dit, la police de votre ville de Lyon. On parle aussi, lustranda universa civitate[3] de visiter toutes les maisons, d’en chasser toutes sortes de vagabonds et gens inutiles, et même le nombre superflu des garçons barbiers, [7] chirurgiens, [8] apothicaires. [9] Plût à Dieu que cela réussisse pour le bien du public, en y comprenant tant de charlatans [10] se disant la plupart et le plus souvent médecins de Montpellier, [11] qui néanmoins ne sont le plus souvent que des ignorants empiriques, [12] chimistes [13] effrontés, moines défroqués, urbium suarum purgamenta, suæ gentis dehonestamenta, [4][14] pauvres malotrus qui sont gueux et qui n’ont que bon appétit, qui civium nostrorum periculis discunt, et experimenta quotidie per mortes agunt, fraudibus, imposturis : varietate, multiplicitate et novitate remediorum, stibio, elaterio, pulvere Peruviano, scammonio, ricino Indico, etc. [5][15][16][17][18][19][20]

Enfin je viens d’apprendre par la vôtre du 11e d’octobre que vous êtes en meilleur état, Dieu soit loué de tout. Purgez-vous bien, mangez peu et ne vous remettez pas sitôt à travailler ; aurum dum quærimus, ævum perdimus[6][21] Je suis ravi du contentement que vous donne monsieur votre fils aîné [22] et je ne doute pas que cela n’aille toujours en continuant et en augmentant. [7] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 19e d’octobre 1666.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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