L. 949.  >
À André Falconet,
le 6 février 1669

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 6 février 1669

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0949

(Consulté le 14/12/2024)

 

Monsieur, [a][1]

On dit que le roi [2] viendra au Parlement le 8e de février, et ce pour la paulette ; [3] et que sur la fin du même mois, il partira d’ici pour un voyage en Provence. [1] On dit qu’il nous vient ici, de la part du Grand Seigneur, [4] un chiaoux. [2][5][6] Je vous envoie avec la présente une thèse [7] nouvelle qui n’est point mal faite et que j’espère qui vous agréera. Depuis le 29e de janvier, nous avons ici de nouveau la mort d’un honnête homme nommé M. Cramoisy, [8] âgé de 84 ans, qui était le roi des libraires. [3] Comme il a fallu quinze cents ans pour faire un poète qui ressemblât à Virgile, [9] c’était Buchanan, [10] il en faudra peut-être autant pour faire un honnête homme de librairie, qui le soit autant que ce vieux bonhomme Cramoisy. Il avait pourtant l’âme toute loyolitique et il était un des directeurs de l’Hôtel-Dieu. [11]

On parle fort ici des amourettes de la cour et des courtisans. Jadis un savant Anglais, nommé Iohannes Sarisberiensis, évêque de Chartres, [12][13] fit un livre de nugis curialium ; [4] s’il vivait aujourd’hui, il aurait assez de matière pour en faire deux autres. On dit enfin ici que nous perdrons Candie, [14] tanta fuit socordia eorum quorum interest[5] Les Turcs se moqueront de nous et nous pilleront, et puis sera vrai ce qu’a dit Claudien [15] in Ruf., lib. 2 (mais n’ont-ils pas raison puisqu’on les laisse faire ?) : Geticis Europa catervis ludibrio prædæque datur[6] Enfin, le roi accorde la paulette à Messieurs du Parlement et à plusieurs autres officiers, hors à Messieurs les trésoriers de France, [16] et aux deux parlements de Bretagne [17] et de Metz ; [18] mais elle n’est accordée qu’avec beaucoup de restrictions et pour trois ans seulement, après lesquels le roi ne veut plus qu’il y ait de paulette. Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 6e de février 1669.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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