Note [10] | |
Marthe Brossier était la fille d’un tisserand de Romorantin (Loir-et-Cher, v. note [35], lettre 192), où elle naquit à la fin du xvie s. Atteinte d’épilepsie, on la prétendit possédée de Satan et son père l’exhiba comme telle, et tant qu’il put, pour s’enrichir. Le Clergé ligueur vit ce qu’il pourrait tirer de cette pauvre folle et cria bien fort qu’on étouffait une voix prophétique dont Dieu voulait se servir pour convaincre les hérétiques. Allant plus loin encore, il fit enlever la jeune fille et la fit conduire à l’abbaye de Sainte-Geneviève que dirigeait l’abbé Joseph Le Foulon. Ce furieux ligueur gagna à prix d’argent quelques médecins, qui déclarèrent Marthe Brossier vraiment possédée de l’esprit malin ; puis après l’avoir catéchisée, il la lança en avant contre les ennemis de son parti. Michel i Marescot (v. note [14], lettre 98), au nom du roi, avait examiné la pseudo-démoniaque les 30 mars et 1er avril 1599 à Sainte-Geneviève ; il était en compagnie de ses collègues Nicolas Ellain, Jean Haultin, Jean i Riolan et Jean Duret. Informé de leurs conclusions qui dénonçaient une supercherie, par arrêt du 24 mai 1599, le Parlement de Paris ordonna à Brossier et à sa fille de retourner à Romorantin et de n’en plus sortir, sous peine de punition corporelle. Son ordre n’étant pas exécuté, le Parlement, pour être obéi, fit saisir le temporel des deux plus ardents protecteurs de la jeune fille : Alexandre de La Rochefoucauld, abbé de Saint-Mesmin d’Orléans, prieur de Saint-Martin, et son frère, le cardinal-archevêque de Clermont et abbé de Sainte-Geneviève. L’abbé de La Rochefoucauld emmena Marthe à Rome, mais le pape, prévenu de l’imposture, ne voulut pas la recevoir. Marthe fut enfermée dans un couvent où elle mourut peu de temps après (G.D.U. xixe s.). Le 31 mai 1600, Henri iv lui-même avait adressé de Fontainebleau une lettre à Michel i Marescot (Lehoux, page 434) :
La réponse à cette requête royale fut le Discours véritable sur le fait de Marthe Brossier, de Romorantin, prétendue démoniaque (Paris, Mamert Patisson, 1599, in‑8o), sous la signature de « P.M., docteur en médecine », association des initiales de Simon ii Piètre et de son beau-père, Michel i Marescot (mais ce livre a aussi été attribué à Victor Le Bouthillier, évêque de Tours). |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Claude II Belin, le 3 janvier 1638, note 10.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0037&cln=10 (Consulté le 20/09/2024) |