Annexe : Déboires de Carolus, note 131.
Note [131]

V. note [6], lettre latine 466, pour la faible peine infligée à Guy Patin, au début de 1669, à l’issue du procés que le syndicat des imprimeurs parisiens avait intenté contre lui pour pratique illicite du métier de libraire : un tonnelet contenant 50 exemplaires licites des Opuscula medica de Caspar Hofmann, provenant d’Allemagne, saisi au début de septembre 1667 (v. note [1], lettre latine 436). Cette affaire a néanmoins pu le pousser à se séparer de sa chère bibliothèque, en la donnant à son fils Robert en décembre 1667 (vLa bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion), afin de la protéger contre les saisies punitives de ses livres.

Nul n’a clairement expliqué pourquoi la cour avait choisi Charles Patin pour aller récupérer en Hollande toutes les copies des Amours de Madame qu’on y avait imprimés et vendus. Il me semble permis de supposer qu’il s’agissait de le mettre à l’épreuve, en punition de sa contrebande de septembre 1666, où il avait été pris la main dans le sac. La cour avait besoin d’un agent pour tirer Madame et Monsieur d’embarras. Daniel de Cosnac (semble-t-il) choisit Charles car il connaissait fort bien les libraires bataves, mais il avait aussi à se faire pardonner. Peut-être lui tendait-on ainsi le piège qui aboutit à sa perte : comme on pouvait l’attendre d’un bibliophile fils de bibliomane, Charles eut apparemment la faiblesse de vouloir conserver subrepticement quelques exemplaires du livre interdit ; il devenait alors facile de le confondre, de l’accuser d’avoir failli à sa souveraine commission et de le condamner durement.

Pierre Pic (Introduction, pages liiiliv) a fourni quelques éclaircissements sur la date et la sentence (rétrospective) de cet autre procès contre les Patin :

« Charles Patin avait quitté la France en février 1668. {a} La sentence du Châtelet qui le condamna ne sortit définitivement que le 14 août ; mais elle confirmait la condamnation du 25 mars 1668. {b}

Mon ancien confrère, Paul Delalain, {c} qui dirige avec tant de zèle et d’érudition la Bibliothèque technique du Cercle de la Librairie, a eu l’obligeance de me communiquer les extraits d’un dossier de la Bibliothèque nationale. La pièce 177 du dossier Ms. fr. 22087 est la Sentence de la Police du Châtelet contre le Sieur Patin ; sans surcharger notre texte du libellé de cet arrêt dont la plus grande partie est de forme, signalons que “ Charles Patin y est déclaré dûment atteint et convaincu d’avoir fait venir des pays étrangers et fait commerce de plusieurs exemplaires de livres, aucuns contrefaits, {d} d’autres défendus, et d’autres qui sont libelles diffamatoires contre les intérêts du roi et de l’État. Pour réparation de quoi il a été condamné à faire amende honorable au devant de la principale porte de l’Église de Paris ; {e} ce fait, mené et conduit à la chaîne pour y être attaché et servir le roi comme forçat en ses galères à perpétuité si pris et appréhendé peut être ; sinon par effigie attaché à une potence qui, pour cet effet, sera plantée en la place de Grève ; tous ses biens acquis et confisqués à qui il appartiendra. ” »


  1. Plus vraisemblablement en novembre 1667 (v. note [7], lettre 928).

  2. Suivant la sentence de La Reynie datée du 9 février 1669 (reproduite plus bas), la condamnation fut prononcée le 28 février 1668 et exécutée le 15 mars suivant.

  3. Paul Delalain (1840-1924), bibliographe, éditeur et historien du livre.

  4. Certains.

  5. Notre-Dame de Paris.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Déboires de Carolus, note 131.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8010&cln=131

(Consulté le 12/12/2024)

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