Note [18] | |
Le pli de reliure, au bord droit de la page manuscrite, m’a empêché de lire la référence complète donnée par le Borboniana ; mais dans l’Histoire des guerres d’Italie de François Guichardin, {a} le livre sixième (année 1504, tome premier pages 233 vo‑234 ro) décrit la succession de la couronne d’Espagne à la mort d’Isabelle, reine de Castille, douze ans avant son époux, Ferdinand, roi d’Aragon. {b} Souhaitée par de nombreux souverains d’Europe, la désunion de leur double couronne catholique était en jeu : « Le titre de roi d’Espagne était commun, les ambassadeurs se dépêchaient en commun, les armées s’ordonnaient en commun, et les guerres s’administraient en commun ; et l’un ne s’appropriait rien plus que l’autre en autorité et gouvernement du royaume. Mais par la mort d’Isabelle, {c} sans enfants mâles, la succession de Castille, par les lois du royaume (lesquelles, regardant plus à la proximité qu’au sexe, n’excluent < pas > les femmes) appartenait à Jeanne, {d} fille commune de Ferdinand et d’elle, femme de l’archiduc, {e} parce que la fille aînée, qui avait été mariée à Emmanuel, roi de Portugal, et un petit fils né d’elle étaient morts longtemps auparavant : {f} à raison de quoi, l’administration du royaume dotal, {g} le mariage fini, n’appartenant plus à Ferdinand, il devait retourner en son petit royaume d’Aragon, petit à comparaison du royaume de Castille, pour l’étroitesse du pays et petitesse des revenus, et parce que les rois d’Aragon n’ayant absolue autorité royale en toutes choses, sont, en plusieurs, sujets aux constitutions et aux coutumes d’icelles provinces, lesquelles limitent fort la puissance des rois. Mais Isabelle {c} étant proche de la mort, ordonna par son testament que Ferdinand, pendant qu’il vivrait, serait gouverneur de Castille, tant pource qu’elle désirait qu’il fût conservé en sa première grandeur, pour la bonne amitié en laquelle elle avait toujours vécu avec lui, que (ainsi comme elle disait) pource qu’elle connaissait bien que c’était le profit de ses peuples de continuer sous le sage gouvernement de Ferdinand, et non moins le profit de son gendre {e} et de sa fille, {d} lesquels, puisqu’à la fin ils devaient pareillement succéder à Ferdinand, devaient estimer un grand bien pour eux que, jusques à temps que Philippe, né et nourri en Flandres, où les affaires se gouvernaient diversement, eût atteint un grand âge et pris plus grande connaissance des lois, des coutumes, de la nature et des mœurs d’Espagne, tous les royaumes leur fussent conservés sous un pacifique et bien ordonné gouvernement, les pays de Castille et d’Aragon se maintenant cependant comme un même corps. La mort de la reine engendra de nouveaux accidents en Espagne ; mais les affaires d’Italie, comme nous dirons ci-après, s’en trouvèrent mieux disposées à une nouvelle paix. » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Borboniana 8 manuscrit, note 18. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8209&cln=18 (Consulté le 08/12/2024) |