À Charles Spon, le 10 novembre 1644, note 2.
Note [2]

La cataracte, maladie des yeux qu’on savait traiter par la chirurgie au temps de Guy Patin, est une opacification du cristallin (lentille de l’œil) qui vient souvent avec la vieillesse : « C’est une taie ou petite peau qui se forme sur la prunelle de l’œil et qu’on lève adroitement avec une aiguille » (Furetière). On dfférenciait alors imparfaitement la cataracte du glaucome (du grec glaucos, nuance pâle ou grise de vert), « maladie des yeux qui arrive lorsque l’humeur cristalline se change en couleur verdoyante ou azurée ; car alors ceux qui ont cette maladie n’aperçoivent aucune lumière » (ibid.).

Au chapitre xxv (De Glaucomate), livre v de son Ophtalmographia (2e édition, Louvain, 1648, page 218, v. note [49], lettre 176), Vopiscus Fortunatus Plempius a dit le glaucome incurable et voulu le bien distinguer de la cataracte :

Glaucoma est humoris oculi in glaucum colorem mutatio. Dico, humoris oculi, in genere, et non crystallini tantum, ut alii definiunt ; quia quicumque ex tribus humoris glauco colore inficietur, ea symptomata orientur, quæ ipsi a crystallino glaucitate imbuto profici volunt.

[Le glaucome est une coloration glauque de l’humeur oculaire. Je dis de l’humeur oculaire en général, mais pas seulement de l’humeur cristalline, comme le définissent d’autres auteurs ; ils veulent attribuer au seul verdissement du cristallin les symptômes qui apparaissent quelle que soit celle des trois humeurs {a} affectée par la couleur glauque]. {b}


  1. Humeurs aqueuse, cristalline et vitrée (v. note [50], lettre latine 154).

  2. De nos jours, le glaucome n’est plus un verdissement de l’œil, il est devenu une maladie oculaire absolument distincte de la cataracte.

L’opération de la cataracte consistait à luxer le cristallin opaque au fond de l’œil, à l’écart de l’axe de vision, et la vue revenait, mais sans la netteté que permettait la lentille perdue ; « On tient que l’invention d’abattre les cataractes fut trouvée par une chèvre qui, en se frottant et galant [grattant] contre les épines, abattit une taie qu’elle avait sur l’œil, ce qui lui fit recouvrer la vue » (ibid.). L’extraction de la cataracte, mère des opérations actuelles, ne fut inventée qu’au milieu de xviiie s. par Jacques Daviel.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 novembre 1644, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0116&cln=2

(Consulté le 27/04/2024)

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